jeudi 25 juin 2015

Quatre par quatre de Sarah MESA


















Quatre par quatre de Sara MESA aux éditions RIVAGES

"Quatre par quatre", pour le lecteur qui entame ce roman, demeure un mystère permanent. Ce sont trois mots destinés à être oubliés, enterrés et, pour tout dire, emmurés jusqu'à ce qu'ils soient sortis de leur obscurité puis ressassés comme une comptine qui, à la fin du livre, énoncent enfin leur vérité.

"Quatre par quatre" est aussi une formule toute simple qui sert à définir un espace mental et géographique enfoui au cœur d'un collège définit comme l'un des meilleur sinon le meilleur d'Espagne. Une institution de luxe, un modèle d'éducation retiré du monde, vivant en vase clos.

Traduite pour la première fois en France, Sara Mesa commence par introduire l'univers du collège avec les voix de quelques uns de ses élèves confrontés aux règles strictes de l'établissement et que certains cherchent à contourner, à biaiser ou encore s'en accommodent et réalisent tout compte fait ce qui est implicitement attendu d'eux.

La deuxième partie du livre fait apparaître une nouvelle voix, adulte, qui oriente le roman vers un suspense censé éclairer les coulisses du collège. L'homme qui raconte est un nouvel arrivant, un professeur de littérature venu remplacer un collègue souffrant. Il tient le journal de son passage dans le collège du premier au dernier jour. L’ordinaire du collège, la personnalité de ceux qui le dirigent et le font vivre rythme le journal qui révèle en premier l'imposture de son auteur qui n'est pas un vrai professeur mais un écrivain qui s'est fixé comme but de cacher le plus longtemps possible son identité.
La tension de Quatre par quatre est tenue par le risque encouru d'être découvert à tout moment.


Cette odyssée dans le monde de l'éducation trouble à plus d'un titre jusqu'à sa fin surprenante et dérangeante. L'auteur s'inscrit d'emblée parmi les créateurs manipulateurs, obsédants et fabuleusement inventifs.

samedi 20 juin 2015

Rencontre avec Dominique HOFLACK vendredi 26 juin

Recto  



                                               Rencontre autour de Dominique HOFLACK
à l'occasion de la parution de son livre Femmes bourreaux, femmes victimes  aux Editions du Moment
                                                          Vendredi 26 JUIN à 16h00
à la Résidence Patio Plaisance, 6 rue Francis Lanine, en face de la librairie (entrée libre)
L'ouvrage sera présenté par François BOYER
  de la Librairie Générale,
 
La rencontre sera également animée par Eric GROSSELLE Avocat à Bordeaux.



 
Au fil d'affaires judiciaires marquantes, tantôt sordides, tantôt émouvantes, l'auteur se livre à une analyse des femmes, bourreaux ou victimes, avec cette ambiguïté des rôles et des postures qui anime tout accusé lors d'un procès d'assises. Dans l'inconscient collectif, tout crime de femme ne peut que surprendre et choquer, parce qu'elle symbolise le sacré de l'enfantement, et qu'elle ne peut donner la mort car elle est l'icône, censée donner la vie. Et pourtant, chez la plupart des criminelles, un chaos mental, soudain et imprévisible, gomme toute fragilité, toute compassion et tout affect, et abolit tout terrain émotionnel avant l'inhumain. Leur passage à l'acte investit, de plus en plus, celui des hommes, dont elles adoptent le comportement rituel, tout en gardant leur spécificité de femme, à travers une détermination sans failles, empreinte de séduction et de manipulation. Une autre femme, placée au cœur du procès, vous invite, à travers cet ouvrage, à pénétrer dans l'antre des cours d'assises, à travers des affaires vécues dans toute leur détresse, dans toute leur horreur; sans filtres, sans écrans. Avocate générale, elle décrypte les actes pathogènes, « l'anormalité sociale », l'humain au féminin. Les rôles respectifs des bourreaux et des victimes ne sont-ils pas, en effet, destinés à s'interpénétrer, à travers un effet miroir hallucinant, où les déviances des uns renvoient au regard des autres, à leurs blessures secrètes, à leur douleur indicible, à leur passé souvent chaotique.

Un roman anglais de Stéphanie HOCHET

Recto Un roman anglais de Stéphanie HOCHET aux éditions Rivages, 17 euros.

Ce roman anglais, dans l'oeuvre de Stéphanie Hochet est une expérience, l'aboutissement d'une idée, d'une intention à partir d'un pays, d'une époque et surtout d'un personnage bien ancré dans une situation sociale suffisamment riche et suffisamment cultivée d'où s'extrait une complexité intrigante qui s'affirme un peu plus à chaque page.

Cet univers social dans lequel évolue une certaine Ana, bénéficie encore des privilèges de la bonne société anglaise à l'aube du vingtième siècle. Seule la première guerre mondiale parvient à troubler la quiétude du doux entourage d'Ana parfaitement réglé par son mari, horloger de métier, homme appliqué mais régisseur monotone du manoir où Ana, parfois, traduit du français des nouvelles de Maupassant, des vers d'Hugo et peut-être même Flaubert et sa scandaleuse Emma Bovary.

Mais la guerre s'est invitée malgré tout dans ce paisible cocon notamment lors du départ du tendrement aimé cousin d'Ana qui a rejoint la plaine des Flandres et dont les nouvelles sont rares voire inexistantes. L'Angleterre peine, elle aussi dans ce conflit et manque d'hommes,  une sourde inquiétude a pénétré le cœur de ceux qui sont restés et le pays est également en manque cruel de provisions.

Lorsque se présente au manoir d'Ana, le jeune George, recruté par courrier afin d'assurer l'éducation du petit Edward fruit de l'union d'Ana et son mari, un trouble étrange se saisit de chacun des membres de la famille. Le jeune Edward, du haut de ses quatre ans est littéralement conquis, Ana s'en réjouit et n'a de cesse d'observer, émerveillée, les prouesses du nouvel éducateur. Le mari d'Ana d'abord resté   sur la réserve, déclenche en lui une crise de jalousie.


Quelles traces va laisser exactement le passage de George dans le cœur de chacun d'eux ? La réponse n'apparaîtra complètement qu'à la lecture du beau et long épilogue situé une vingtaine d'années plus tard, lorsque la mémoire aura véritablement fait son chemin et que le nom de George seul suffira à résumer un sentiment et, plus encore, une éducation.

samedi 13 juin 2015

Le Goeland de Jean Balde

Rencontre autour de Jean Balde 
à l'occasion de la réédition de son livre Le Goéland par les Editions du Festin

MERCREDI 17 JUIN à 18h00
à la Résidence Patio Plaisance, 6 rue Francis Lanine, en face de la librairie (entrée libre)

L'ouvrage sera présenté par son préfacier Jean-Marie Planes
critique littéraire à Sud Ouest Dimanche,
 membre de l'Académie Nationale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux 
La rencontre sera également animée par David Vincent du Festin.

Pour découvrir le livre: ici

Mes comptines en Langue des Signes Française

Mes comptines en Langue des Signes Française d'Olivier Marchal et Thomas Tessier, éditions Millepages, 15 euros ( à partir de 5 ans)




Suffisamment rare chez un éditeur généraliste pour être signalé, les éditions Millepages ont eu l'excellente idée de publier un livre accessible aux entendants, sourds et malentendants. Ce livre aux couleurs chatoyantes rassemble toutes les comptines incontournables de Ainsi font, font, font à Une souris verte en passant par Dodo, l'enfant do, Il pleut, il mouille, Bateau sur l'eau.... avec les illustrations des mots à signer. A chacune est également associé un lien vidéo qui permet de voir la mise en signes, en musique, rythme et vibrations. Voici un album joliment universel!

samedi 6 juin 2015

Charlie de Quentin GREBAN

Charlie de Quentin Gréban, éditions Mijade, 12 euros ( à partir de 3 ans)

Fans de Western, cet album est pour vous (et accessoirement pour vos enfants) ! 
C'est un grand moment pour Charlie car il vient d'être nommé shérif de Cactus-Valley. Seule ombre au tableau, c'est justement ce jour-là qu'il perd une dent... mais loin de se décourager notre très jeune garçon de loi veut faire ses preuves. Il n'a pas longtemps à attendre, voici la première attaque de banque de la journée mais malheureusement les bandits -ne comprenant rien aux mises en garde du shérif qui zozote- se moquent de lui et lui conseillent d'aller plutôt jouer dehors. Désespéré, Charlie décide alors d'aller là où il y a forcément de l'action: le saloon! Effectivement avec son oeil affûté, le voilà déjà en train de démasquer un tricheur à la partie de poker mais son " ve fuis le férif et ve vous interdis de friffer aux cartes" n'a évidemment aucun succès. Notre shérif repart du coup tout penaud du saloon quand, dans la rue principale, il aperçoit le plus grand méchant des méchants, celui dont l'affiche "Wanted" est placardée partout dans la ville: Jack le Cornu que personne n'a le courage d' affronter et devant lequel seuls les buissons desséchés osent passer . Mais Charlie est le shérif et un shérif emprisonne les méchants. Il n'y a plus qu'une seule issue, l'incontournable des incontournables: le duel! Qui sera le plus rapide de "l'Oueft"? A vous de le découvrir dans cet album où il ne manque plus que la musique d'Ennio Morricone!

samedi 30 mai 2015

Aquitaine se livre Samedi 6 Juin





Dans le cadre de l'Aquitaine se livre, manifestation où les libraires indépendants invitent éditeurs, auteurs et artistes aquitains à fêter le livre
SAMEDI 6 JUIN
Rencontre à la librairie à partir de 16h00 avec
ERIC BECQUET pour son polar Le 9 bordelais était chargé
 

"Bordeaux. Stade Chaban-Delmas, soir de foot. Face à Marseille, dans un choc au sommet du championnat, l'attaquant vedette des Bordelais, le Nigérian Michaël Ademoah, est fauché en plein match. La fracture est grave, mais le pronostic vital n'est pas engagé. Pourtant, quelques heures plus tard, le numéro neuf décède à l'hôpital pour une raison difficile à cerner. Pourquoi? Quels étaient les secrets de ce joueur prodigue, acheté douze millions d'euros à Milan? L'entraineur du club bordelais, Pierre Perlon, ancien joueur pro aux méthodes plutôt musclées, va tenter de le découvrir à travers Bordeaux, à travers l'Europe, tout en gérant son groupe. Parce que le football demeure et qu'il faut continuer à gagner. Quoiqu'il en coûte. Mélissa Marchand, jeune journaliste du quotidien Aquitaine Eclair, à l'affût du scoop, va croiser sa route. Et ses doutes. Chacun à leur manière, Pierre et Mélissa vont mener l'enquête. Qui va les conduire bien loin des prés carrés..."

et JEAN-CHRISTOPHE LAUCHAS pour son livre de photos  
Le Bassin d'Arcachon



"Le Bassin d'Arcachon recèle des merveilles, connues et moins connues, que le photographe vous invite à découvrir grâce à cette petite balade photographique, un concentré en images de ses coups de coeur. Son regard est celui d'un amoureux de ce petit coin de paradis et de ceux qui l'animent. Tous savent qu'ici, le plaisir est un devoir et l'émerveillement est permanent"

Moi Cheeta de James LEVER

Recto .
Moi, Cheeta de James LEVER aux éditions Attila, 22 euros

A ceux qui posséderaient un ego surdimensionné, offrez sans tarder cet irrésistible (auto)biographie d'une superstar hollywoodienne qui a tout vu, tout connu et tout entendu.
A la manière très américaine d'une Stand-up comedy, l'auteur nous invite à revisiter un pan de l'histoire du cinéma avec les yeux du chimpanzé qui incarna Cheeta aux côtés de Johnny Weismuller, dans la saga intitulée Tarzan.

Le merveilleux dans cette histoire est l'absolu contentement de soi du narrateur, grand amoureux de l'espèce humaine en général et de Johnny Weismuller en particulier. Sa carrière, indubitablement, est constellée de succès dus notamment à ses performances comiques. Autodérision ? Pas si sûr car une exceptionnelle lucidité semble gouverner ce récit de la part de quelqu'un qui a "singé" comme personne ses maîtres, ses amis, ses protecteurs.

Outre Johnny, Cheeta en impose beaucoup avec sa pléthore d'ami(e)s,  Greta (Garbo), Marlène (Dietrich), Maureen (O'Hara), Ava (Gardner), Carole (Lombard) ou bien Errol (Flynn), Edgar (G. Robinson) David (Niven), soit  la fine fleur de l'époque composée (dixit Cheeta) des sept mâles dominants représentant chacun un studio d'Hollywood. 

Ainsi les coulisses du cinéma se dévoilent à travers les plateaux de tournages ainsi que les caprices des stars (on y boit beaucoup mais pas seulement ...), les longs intermèdes entre les films où tout le monde se retrouve dans les villas des uns et des autres. Cheeta, aux premières loges, décrit ce mode de vie assez délirant, adoptant lui-même le rythme effréné des amusements de ces éternels enfants.

Plus cabotins que le pire des cabotins, le chimpanzé star ressasse les nombreux tours qu'il a initiés au cinéma, ses invariables saltos arrières, son éternel coup du chapeau, ses cigares inhalés et ses bières ingurgitées mais derrière toutes ces farces et ces bons mots se cache une force de caractère hors du commun, qui colle à l'idée de l'American way of life et du positivisme forcené; et de la survivance aussi car Cheeta n'oublie jamais la chance d'avoir atteint un statut que nul autre de ses congénères n'a jamais obtenu.
Voilà tout l'art de ce livre qui oscille entre la franche rigolade et la menace latente de retourner un jour à une condition animale moins brillante. Cet acteur narrateur, aussi chimpanzé soit-il, est un exemple qui pourrait être décliné à l’ensemble de la profession et qui colle complètement au rêve américain.

La distance utilisée par James Lever dans cet hilarant - quoiqu'on pense - et unique opus de la vie de Cheeta suscite un étonnant trouble identitaire au coeur du cinéma et des studios d'Hollywood, ce paradis monstrueux entre déchéance et nostalgie.

Rue des voisins d'Aurélie Desfour et Coline Citron

Rue des voisins d'Aurélie DESFOUR et Coline CITRON, éditions Les P'tits Bérets ( à partir de 4 ans)

Monsieur Stan, Madame Muguette, Monsieur Tristan et Mademoiselle Garance ont pour point commun d'habiter la Rue des Voisins. Et c'est tout.
L'un passionné d'équations a fait des calculs savants pour arriver à la terrible conclusion qu'il y a une chance sur cinq milliards pour tomber nez à nez avec un alligator s'il s'aventure dehors: beaucoup trop dangereux!
L'une gagnante compulsive de tous les jeux et concours possibles et inimaginables ne voit même plus les rayons du soleil passer à travers ses fenêtres occultées par les tas d'ordinateurs, télévisions et autres lots.
Monsieur Tristan, lui, collectionne les chants d'oiseaux mais est trop occupé à tendre les oreilles depuis chez lui pour s'apercevoir que les oiseaux chantent finalement peut-être mieux à l'extérieur.
Quant à Mademoiselle Garance, son chocolat d'Afrique lui suffit à s'évader dans les contrées les plus lointaines pour y rêver sa vie.
Alors quand un salon de thé s'installe dans cette rue où personne ne met le nez dehors et quand en plus son prospectus annonce "Au Petit Bonheur, bonne humeur et chaleur à toute heure" le quartier se sent tout chamboulé, chacun -tout en gardant ses passions- se dit qu'il y a peut-être, là, la plus grande probabilité de se régaler, qu'avec de la chance il n'y aurait ni perdant ni gagnant, qu'écouter les conversations tout en observant les oiseaux pourrait être tout aussi doux aux oreilles et que là-bas il y a peut-être aussi des chocolats de Martinique pour entamer d'autres voyages... C'est ainsi que le salon de thé devint le lieu de toutes les rencontres et que la Rue des Voisins se transforma en rue des Amis!

samedi 23 mai 2015

La maison des autres de Silvio D'ARZO

La maison des autres de Silvio d'ARZO aux éditions Verdier.

Voici un livre discret qui appartient à ce que les libraires aiment voir indéfiniment trôner sur leur table en tant que "coups de cœur". 
Silvio d'Arzo est une comète des lettres italiennes, il est mort à 32 ans en 1952, un bel hommage lui est rendu en préface par un certain Attilo Bertolucci, un poète reconnu en Italie, père de Bernardo, le cinéaste.

Avec le soin des grands observateurs, le narrateur de La maison des autres décrit la chiche vie des habitants d'un village italien enfoui dans une contrée perdue des Appenins. Il y occupe la position privilégiée du prêtre au service des villageois qui ne lui font pourtant guère signe mais dont il se sent néanmoins responsable au regard de Dieu. 

La fine ironie de son récit ne repose sur rien ou presque, l'intérêt qu'il éprouve pour une vieille femme plus vieille que les autres vieilles  du village s'aiguise car il sent qu'elle viendra un jour lui parler. Il l'observe pour ne pas dire qu'il espionne la vie qu'elle mène chaque jour imperturbablement à l'écart du village, au bord de la rivière, à laver le linge avec une chèvre pour seule compagne. Puis un jour cette vieille femme se décide et s'adresse à lui au sujet d'une question tout en circonvolutions. 
"Est-ce vrai ou non que vous aussi... je veux dire : l'Eglise... vous admettez que deux personnes qui se sont mariées puissent également se séparer, et chacune être libre ensuite d'épouser qui elle veut ?". 

La réponse, autant le dire, tombe tout à côté du sujet et le prêtre perd l'occasion de connaître enfin cette vieille femme qui lui échappe désespérément. Il faudra qu'un certain temps s'écoule pour que le prêtre s'entretienne à nouveau avec elle et comprenne enfin ce que ce message pouvait bien vouloir dire. 

Toute la force de ce court roman est détenu par une personne insignifiante, la plus perdue des êtres mais qui détient  une interrogation voire une supplique qui aujourd'hui encore paraît essentielle et fait encore et encore débat. C'est pourquoi La maison des autres est considéré par beaucoup comme un chef-d'oeuvre qu'il est nécessaire de faire découvrir. C'est le moins qu'on puisse faire non ?