Un roman anglais de Stéphanie HOCHET aux éditions Rivages, 17 euros.
Ce roman anglais, dans l'oeuvre de Stéphanie Hochet est une
expérience, l'aboutissement d'une idée, d'une
intention à partir d'un pays, d'une époque et surtout d'un personnage bien ancré dans
une situation sociale suffisamment riche et suffisamment cultivée d'où s'extrait une complexité intrigante qui s'affirme un peu plus à chaque page.
Cet univers social dans lequel évolue une certaine Ana,
bénéficie encore des privilèges de la bonne société anglaise à l'aube du
vingtième siècle. Seule la première guerre mondiale parvient à troubler la
quiétude du doux entourage d'Ana parfaitement réglé par son mari, horloger de
métier, homme appliqué mais régisseur monotone du manoir où Ana, parfois, traduit du français
des nouvelles de Maupassant, des vers d'Hugo et peut-être même Flaubert et sa
scandaleuse Emma Bovary.
Mais la guerre s'est invitée malgré tout dans ce paisible cocon notamment lors du départ du tendrement aimé cousin d'Ana qui a rejoint la plaine des
Flandres et dont les nouvelles sont rares voire inexistantes. L'Angleterre
peine, elle aussi dans ce conflit et manque d'hommes, une sourde inquiétude a pénétré le cœur de
ceux qui sont restés et le pays est également en manque cruel de provisions.
Lorsque se présente au manoir d'Ana, le jeune George,
recruté par courrier afin d'assurer l'éducation du petit Edward fruit de
l'union d'Ana et son mari, un trouble étrange se saisit de chacun des membres
de la famille. Le jeune Edward, du haut de ses quatre ans est
littéralement conquis, Ana s'en réjouit et n'a de cesse d'observer, émerveillée,
les prouesses du nouvel éducateur. Le mari d'Ana d'abord resté sur la réserve, déclenche en lui une crise
de jalousie.
Quelles traces va laisser exactement le passage de George
dans le cœur de chacun d'eux ? La réponse n'apparaîtra complètement qu'à la lecture
du beau et long épilogue situé une vingtaine d'années plus tard, lorsque la
mémoire aura véritablement fait son chemin et que le nom de George seul suffira
à résumer un sentiment et, plus encore, une éducation.
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