vendredi 14 décembre 2018

Le dernier roi soleil de Sophie DES DESERTS

 Le dernier roi soleil de Sophie DES DESERTS, aux éditions Fayard, 20 euros.

Voici un an nous apprenions la mort de Johnny Halliday et - hélas pour lui car il trouvait de mauvais goût de mourir avant un chanteur - Jean d’Ormesson aussi nous quittait quasiment en même temps que celui qu’on appela jusqu’au bout « l’idole des jeunes ». 

Idole, Jean d’O, l’était lui aussi devenu. Jean d’O oui car c’est ainsi qu’il est nommé durant tout le livre de Sophie Des Deserts, une  ancienne journaliste du Nouvel Obs désormais officiante pour Vanity Fair. 
Idole sur le tard parce que sa vieillesse l’avait embelli et que ses ventes de livres, qui dépassaient allègrement les centaines de mille, réjouissaient les éditions Gallimard au point de l’avoir mis, de son vivant, dans la prestigieuse collection de la Pléiade. 

Plus intéressante probablement est la lecture de cette relation entre la journaliste et l’illustre écrivain, une relation de près de quatre ans qui permit à Sophie Des Deserts d’approcher son sujet d’étude chez lui dans sa maison parisienne de Neuilly et d’entendre des confidences que Jean d’Ormesson lui réservait ou plutôt finit par lui concéder à mesure qu’il acceptait de considérer cette femme comme une biographe potentielle.

Mais que réserve donc au final ce livre ? Il peut se résumer comme le parcours plutôt chaotique d’un homme bien né qui joua de sa séduction au point qu’un jour elle faillit et le fit bannir d’une partie de sa famille. Mais la vie de Jean d’Ormesson fut toujours placée au cœur d’une société que l’on peut estimer extrêmement riche. Jean d’Ormesson n’épousa-t-il pas une héritière du fortuné Beghin roi de l’industrie sucrière ?

Très jeune Jean d’Ormesson se considéra comme un écrivain en dépit du jugement moqueur qu’il reçut à ses débuts, y compris par ses amis les plus proches. Son entrée au journal Le Figaro avec l’appui de son nouveau patron Robert Hersant, qui le propulsa au poste de directeur, activa sa passion pour la politique avec une haine  prononcée contre les « socialos-communistes » hardiment contrebalançée par une entente cordiale avec François Mitterrand. 

Le récit de Sophie Des Desert, que l’on perçoit discrète dans la façon dont elle progresse au cœur de la famille de l’écrivain, est une succession de voyages ou de résidences à Venise, en Corse ou en Suisse sur les pentes neigeuses où Jean d’Ormesson skiait sans relâche. Le livre serait un peu vain si la journaliste ne touchait au but quant elle s’efforce de comprendre la complexité sentimentale de Jean d’Ormesson.
Telle est sans doute la grande vérité de cet homme qui se sachant séducteur en usa jusqu’à la corde. 
De là, fourmillent les anecdotes car l’homme était connu et se montrait beaucoup. 


Sophie des Deserts a saisi avec justesse les éclaircissements voulus par un homme qui se savait aussi bien double qu’obscur. La vie de Jean d’Ormesson fut certainement très agréable mais ce grand propagateur du bonheur ne fut lui-même pas aussi bien nanti de cet état si enviable qu’il s’évertuait à décrire. Sophie des Deserts l’a, semble t-il, parfaitement lu entre en les lignes.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire