Commençons par la couverture du livre où l'on reconnait la silhouette stylisée de la jetée Thiers d'Arcachon, équipée de ses "mâts" qui l'équilibrent galamment. Elle sert de symbole aux quatre nouvelles écrites en cette année 2014 dont la Librairie Générale est en grande partie responsable..
Jonathan Hénault, maître d'oeuvre de la maison d'éditions Bijoux de famille, ouvre le bal en personne en installant Nathanael, son alter ego, à Arcachon le jour de la Saint-Valentin. Cette fête des amoureux, il va la partager avec Camille, sa tendre et douce. Mais faudrait-il encore que ces deux-là se retrouvent comme il était convenu à l'hôtel de charme Ville d'Hiver.
Le romantisme n'est pas le fort de Nathanael, au contraire. A sa vue, tout semble autour de lui se détraquer, vite et facilement. Peu disposé, il renâcle à suivre le mouvement de ses contemporains, ses mots l'en empêchent. Toujours un vocable s'échappe malencontreusement et nuit au décor. Toujours une vérité, sertie d'humour noir, finit par s'imposer en bousculant les conventions. Du coup, le retard de Camille à ce rendez-vous amoureux alimente la folie verbale de notre héros qui fait se déchaîner les évènements. On aurait pu titrer cette histoire "l'hôtel en folie" mais Jonathan Hénault, d'un simple et hargneux coup de gomme a fait cesser d'un coup sa cavalcade en furie. Cette aventure, laisse t-il entendre, ne pouvait être vraie et les auteurs qui ont suivi son passage à l'hôtel lui ont emboité le pas, clamant à leur façon qu'Arcachon et tout ce qui s'en suit n'est que fiction, fiction pure ou auto-fiction.
Hervé Le Corre, le premier, ne contredit pas cette assertion quand il s'embarque à son tour dans une séquence romantique en compagnie de la femme de sa vie qui célèbre avec lui trente ans de vie commune. Un bon repas à l'hôtel avant d'aller se coucher tel est le programme assez simple qui s'annonce. D'ailleurs ils ont hâte de quitter la salle de restaurant avec laquelle ils ne se sentent décidément pas en osmose. C'est un peu toujours la même chose quand on veut se faire plaisir et que l'on quitte son train-train, l'environnement, au final, n'est jamais le bon. On appelle ça l'exclusion sociale.
Hervé Le Corre aborde, tout en symboles, une métaphore noire et joueuse sur la force des éléments lorsque ceux-ci sont contraires. L'élément en question ici est l'eau, une eau fantomatique qui s'introduit, incontrôlable, à l'intérieur de la chambre d'hôtel du couple sous une forme inquiétante voire cauchemardesque comme si l'ancienne Compagnie Générale des Eaux qui gouvernait à l'origine les lieux, cherchait à reprendre ses droits tout en choisissant ses victimes.
Du surnaturel d'Hervé Le Corre, nous glissons vers l'impossible amour de Nathalie Bernard qui décoche ses flèches de Cupidon sur une proie également bien choisie. L'affaire qui l'occupe s'est produite il y a un siècle. Un homme suffisamment riche pour parvenir à ses fins a réussi à faire décrocher la fabuleuse Mona de son palais du Louvre. Il vit une romance inédite et cachée mais aussi douloureuse avec cette objet d'art à qui il parle comme à une personne. Il souffre et se retient de défigurer la belle et son sourire restreint, refusant d'avouer son incapacité, ma foi bien humaine, à aimer d'amour un tableau. Que celui-ci soit un chef-d’œuvre et peut-être le plus grand ne change rien. Nathalie Bernard nous entraîne en douceur dans la tourmente de cet homme esseulé et célèbre qui a vécu a Arcachon très certainement malheureux.
Malheureux, Arnaud Cathrine l'a été tout autant dans son récit qu'il a sous-titré avec sincérité "auto-fiction".
Arnaud Cathrine avait un réel désir de joie de se trouver enfin à Arcachon. Il était sur les traces d'un grand-père dont il avait par sa mère reçu des éléments biographiques qui provoquèrent de l'admiration et une curiosité pour la station balnéaire. Il en résulte un très beau texte de ses errances dans les rues de la ville qu'il a rassemblé sous la forme d'un journal. Mais l'atmosphère est conditionné par l'attente d'un être cher qui dénature la célébration d'un lieu désiré.
Arnaud Cathrine s'est laisse guidé par ses accompagnateurs et sans jamais s'ouvrir sur cette douleur qui chaque jour, chaque heure gagnait du terrain. Son amour inexplicablement se refusait à ses appels tandis que les phrases qu'Arnaud écrivait en retour lui était entièrement destinées.
Il n'y a donc pas chez Arnaud Cathrine la béatitude espérée bien qu'il y ait matière, le reconnait-il, à s'extasier sur la beauté du Bassin, sur l'apaisement naturel que l'on vient y chercher. Guillaume Trouillard s'en est parfaitement accommodé en dessinant des paysages où Arnaud par ses écrits l'a conduit. Guillaume Trouillard a su rendre par le style de ses dessins un état d'âme brumeux et tremblotant propre aux ambiances hivernales. Il a manœuvré en finesse dans les affres de l'écriture d'Arnaud Cathrine tout en conservant la fraicheur qui prévaut aux exécutions rapides. La suggestion est forte et ne demeure jamais à l'état d'esquisse, des détails impressionnent ou interrogent et il faut retourner au texte pour mieux les comprendre.
On peut conclure, à la lecture de ces quatre histoires, que l'amour à Arcachon est souvent contrarié, muet, irraisonné, il n'est pas l'endroit où les sentiments s'épanouissent.
L'expérience hôtelière, fugace par définition et en dépit de ses plus beaux atours, provoque chez nos quatre écrivains des sentiments mitigés comme des cœurs en hiver, chacun différents et que la Librairie Générale remercie.
Du surnaturel d'Hervé Le Corre, nous glissons vers l'impossible amour de Nathalie Bernard qui décoche ses flèches de Cupidon sur une proie également bien choisie. L'affaire qui l'occupe s'est produite il y a un siècle. Un homme suffisamment riche pour parvenir à ses fins a réussi à faire décrocher la fabuleuse Mona de son palais du Louvre. Il vit une romance inédite et cachée mais aussi douloureuse avec cette objet d'art à qui il parle comme à une personne. Il souffre et se retient de défigurer la belle et son sourire restreint, refusant d'avouer son incapacité, ma foi bien humaine, à aimer d'amour un tableau. Que celui-ci soit un chef-d’œuvre et peut-être le plus grand ne change rien. Nathalie Bernard nous entraîne en douceur dans la tourmente de cet homme esseulé et célèbre qui a vécu a Arcachon très certainement malheureux.
Malheureux, Arnaud Cathrine l'a été tout autant dans son récit qu'il a sous-titré avec sincérité "auto-fiction".
Arnaud Cathrine avait un réel désir de joie de se trouver enfin à Arcachon. Il était sur les traces d'un grand-père dont il avait par sa mère reçu des éléments biographiques qui provoquèrent de l'admiration et une curiosité pour la station balnéaire. Il en résulte un très beau texte de ses errances dans les rues de la ville qu'il a rassemblé sous la forme d'un journal. Mais l'atmosphère est conditionné par l'attente d'un être cher qui dénature la célébration d'un lieu désiré.
Arnaud Cathrine s'est laisse guidé par ses accompagnateurs et sans jamais s'ouvrir sur cette douleur qui chaque jour, chaque heure gagnait du terrain. Son amour inexplicablement se refusait à ses appels tandis que les phrases qu'Arnaud écrivait en retour lui était entièrement destinées.
Il n'y a donc pas chez Arnaud Cathrine la béatitude espérée bien qu'il y ait matière, le reconnait-il, à s'extasier sur la beauté du Bassin, sur l'apaisement naturel que l'on vient y chercher. Guillaume Trouillard s'en est parfaitement accommodé en dessinant des paysages où Arnaud par ses écrits l'a conduit. Guillaume Trouillard a su rendre par le style de ses dessins un état d'âme brumeux et tremblotant propre aux ambiances hivernales. Il a manœuvré en finesse dans les affres de l'écriture d'Arnaud Cathrine tout en conservant la fraicheur qui prévaut aux exécutions rapides. La suggestion est forte et ne demeure jamais à l'état d'esquisse, des détails impressionnent ou interrogent et il faut retourner au texte pour mieux les comprendre.
On peut conclure, à la lecture de ces quatre histoires, que l'amour à Arcachon est souvent contrarié, muet, irraisonné, il n'est pas l'endroit où les sentiments s'épanouissent.
L'expérience hôtelière, fugace par définition et en dépit de ses plus beaux atours, provoque chez nos quatre écrivains des sentiments mitigés comme des cœurs en hiver, chacun différents et que la Librairie Générale remercie.
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