Le brigand bien-aimé d’Eudora WELTY aux éditions Cambourakis.
Les éditons Cambourakis qui se sont créées en 2006 affectionnent les bandes dessinées mais elles reprennent également bon nombre de textes littéraires européens, de l’Est en particulier qui détient des trésors tchèques et hongrois (Kosztolanyi, Capek, Krudy…) mais elles trouvent aussi des perles sur le continent américain (Carpenter, Ducornet, Dodge, Dixon…) dont un classique d’Eudora Welty.
Ce surprenant récit proche du conte fantastique emprunte son originalité à plusieurs contes pour enfants, le magicien d’Oz par exemple pour la déambulation d’une jeune fille au cœur de la végétation américaine, Blanche-neige pour le mauvais dessein de celle qui se prenait pour une reine ou encore les contes des mille et une nuits en rapport avec un esprit enfermé dans un coffre.
Eudora Welty est également imprégnée des légendes de l’Ouest qu’elle recompose dans un style unique et hilarant. Reconnue par ses pairs au début des années quarante, elle s’inscrit dans la lignée sudiste des Flannery O’Connor, Carson Mc Cullers et même William Faulkner qui lui adressa une lettre de reconnaissance.
Le brigand bien-aimé adopte un ton dérisoire et démesuré qui dérange l’ordre moral et démonte par l’absurde les codes machistes du héros américain. L’histoire débute - comme il se doit - par une affaire entre hommes dans une auberge qui mêle trésor et brigandage. Le protagoniste, le plus reconnaissable après ce préambule, est un certain Clément qui retourne en sa demeure où l’attendent sa fille chérie et sa deuxième femme dont il ne voit ni la jalousie, ni l’avidité.
En effet, la marâtre envoie chaque jour plus loin la jeune fille dans la forêt au prétexte de lui ramener des herbes jusqu’à son enlèvement par un bandit qui tombera amoureux d’elle. Ces deux-là vivront une idylle curieuse puisque le visage du bandit ne se dévoile jamais. Il est le brigand bien-aimé qui barbouille sa figure avec des mûres pour commettre ses méfaits. Il se cache avec celle qu’il veut dès lors épouser dans une forêt qui tient lieu d’émerveillements parmi les plantes et les fleurs et où s’épanouit notre douce héroïne entourée de brigands.
Le père qui a mis en branle toutes les recherches possibles s’en remet à celui qu’il a rencontré à l’auberge et lui a évité de se faire dérober son or. Les identités s’échangent gaillardement et maintiennent l’intrigue. Eudora Welty raffole des tours de passe-passe qui révèle sa très grande facilité narrative. Elle se plaît à retarder le dénouement de l'aventure et dessine une Amérique empreinte d’innocence et d’imagination, de jeunesse naïve et d’idéal, surprenante et infiniment drôle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire