Finalement ce sont
les éditions Nordstedts, en Suède, qui ont publié les Souvenirs de Torgny
Lindgren. Les sollicitations furent nombreuses, pas moins de six éditeurs
ont fait pression pour les obtenir. Donc il s’agissait d’une commande qui
réclama à l'auteur un choix d'instants particuliers dans sa vie et qui fait apparaître un écrivain qui, sans avoir besoin de bien le connaître, se
révèle parmi les plus importants dans son pays.
De l’oncle géant, qui
parcourait les forêts et qui contracta une infection grave au point qu’elle
finit par lui briser les os (et le tuer), à l'ami écrivain d’origine tchèque
qui vit les honneurs démesurés qu’une délégation soviétique éleva en
l’hommage de Thomas Mann le jour de son enterrement, c'est un défilé de
personnages, une procession fantomatique qui se presse dans un ordre à peu
près chronologique et que Torgny Lindgren ravive avec élégance et drôlerie
tout en invitant son lecteur à se reporter régulièrement à la photographie
de la couverture du livre où on le voit prendre la pose avec nonchalance et dans une tenue impeccable.
Mais le regard acéré que l’on perçoit sur
cette photo de couverture semble vouloir justifier un statut d’écrivain, la
quête permanente d'un métier et sa reconnaissance. Dans les coulisses de sa
vie s'établit une vérité d’écrivain que Torgny Lindgren entoure de sommités
suédoises dont l’écho est en France, à l’exception de quelques uns notamment Goran Tunström, tout à fait relatif.
Mais l'important de cette narration,
où Torgny Lindgren s'évite toutes sortes de jugement, est l'humour souvent corrosif qui s'y déploie et qui n’épargne personne et surtout pas
lui-même.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire