Ainsi soit Benoîte Groult de CATEL aux éditions Grasset, 22 euros.
Sur la
couverture, Benoîte Groult dessinée par Catel prend la pose, les meubles de
salon d'André Groult (son grand-père) disposés autour d'elle. Je n'aime
pas la BD dit-elle.
Ce livre épais, qui étoffe la réputation de l'auteure
que beaucoup connaissent depuis ses deux autres romans (bio)graphiques (Kiki
de Montparnasse et Olympe de Gouges), est l'histoire de sa rencontre avec Benoîte Groult qui s'est justement produite à partir de leurs écrits et dessins respectifs sur la célèbre féministe de la révolution
française. Le féminisme est d'ailleurs le mot clé qui sous-tend l'entreprise graphique et autobiographique de Catel qui s'éprend radicalement de son sujet et de sa vie très romanesque racontée au fil des pages qui se tournent à une allure vertigineuse. Le dessin de Catel s'apparente à un sourire permanent voué à celle qu'elle ne cesse d'admirer. Seul différend, la BD.
La BD n'est pas de la littérature lui assène Benoîte
qui s'est forgée son intellect à coups d'œuvres sérieuses, ne connaissant
de la BD que Bécassine et Bibi Fricotin. Affaire de génération bien sûr.
Maüs d'Art Spiegelman d'accord, Olympe de Gouges passe encore et voilà
Benoîte empêtrée dans ses contradictions. Mais Catel retrace à merveille
l'itinéraire de cette grande dame du féminisme. Célébrée et choyée comme
nulle autre, Benoîte Groult vaque à ses occupations d'Hyères à la Bretagne
où elle vécut avec Paul Guimard, suivie par Catel qui dessine frénétiquement
et admirablement les lieux.
Ce n'est pas le léger et tout récent aveu de
faiblesse qui lui a fait quitter le jury Fémina cette année qui peut enlever
le formidable entrain de la vie de Benoîte Groult, qui se répand telle une
onde jubilatoire tout au long de ce magnifique livre. Et si Benoîte n'aimait pas la BD, Catel est parvenue sans aucun doute, au contraire.
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