Rescapés du chaos de la Grande Guerre, Albert et Edouard
comprennent rapidement que le pays ne veut plus d'eux. Malheur aux vainqueurs !
La France glorifie ses morts et oublie les survivants. Albert, employé modeste
et timoré, a tout perdu. Edouard, artiste flamboyant devenu une " gueule cassée
", est écrasé par son histoire familiale. Désarmés et abandonnés après le
carnage, tous deux sont condamnés à l'exclusion. Refusant de céder à l'amertume
ou au découragement, ils vont, ensemble, imaginer une arnaque d'une audace
inouïe qui mettra le pays tout entier en effervescence... Et élever le sacrilège
et le blasphème au rang des beaux-arts. Bien au-delà de la vengeance et de la
revanche de deux hommes détruits par une guerre vaine et barbare, ce roman est
l'histoire caustique et tragique d'un défi à la société, à l'Etat, à la famille,
à la morale patriotique, responsables de leur enfer. Dans la France traumatisée
de l'après-guerre qui compte son million et demi de morts, ces deux survivants
du brasier se lancent dans une escroquerie d'envergure nationale d'un cynisme
absolu.
- Prix Goncourt des lycéens: Le quatrième mur de Sorj Chalandon, éditions Grasset
"L'idée de Sam était belle et folle : monter l'Antigone de
Jean Anouilh à Beyrouth. Voler deux heures à la guerre, en prélevant dans chaque
camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs. Puis rassembler ces ennemis
sur une scène de fortune, entre cour détruite et jardin saccagé. Samuel était
grec. Juif, aussi. Mon frère en quelque sorte. Un jour, il m'a demandé de
participer à cette trêve poétique. Il me l'a fait promettre, à moi, petit
théâtreux de patronage. Et je lui ai dit oui. Je suis allé à Beyrouth le 10
février 1982, main tendue à la paix. Avant que la guerre ne m'offre brutalement
la sienne..."
- Prix Renaudot: Naissance de Yann Moix, éditions Grasset
La naissance ne saurait être biologique : on choisit
toujours ses parents. Naître, c'est semer ses géniteurs. Non pas tuer le père,
mais tuer en nous le fils. Laisser son sang derrière, s'affranchir de ses gènes.
Chercher, trouver d'autres parents : spirituels. Ce qui compte, ce n'est pas la
mise au monde, mais la mise en monde. Naître biologiquement, c'est à la portée
du premier chiot venu, des grenouilles, des mulots, des huîtres. Naître
spirituellement, naître à soi-même, se déspermatozoïder, c'est à la portée de
ceux-là seuls qui préfèrent les orphelins aux fils de famille, les adoptés aux
programmés, les fugueurs aux successeurs, les déviances aux descendances. Toute
naissance est devant soi. C'est la mort qui est derrière. Les parents nous ont
donné la vie ? A nous de la leur reprendre. Le plus tôt possible.
- Prix Fémina: La saison de l'ombre de Léonora Miano, éditions Grasset
« Si leurs fils ne sont jamais retrouvés, si le ngambi ne
révèle pas ce qui leur est arrivé, on ne racontera pas le chagrin de ces mères.
La communauté oubliera les dix jeunes initiés, les deux hommes d'âge mûr,
évaporés dans l'air au cours du grand incendie. Du feu lui-même, on ne dira plus
rien. Qui goûte le souvenir des défaites ? » Nous sommes en Afrique
sub-saharienne, quelque part à l'intérieur des terres, dans le clan Mulungo. Les
fils aînés ont disparu, leurs mères sont regroupées à l'écart. Quel malheur
vient de s'abattre sur le village ? Où sont les garçons ? Au cours d'une quête
initiatique et périlleuse, les émissaire du clan, le chef Mukano, et trois mères
courageuses, vont comprendre que leurs voisins, les BWele, les ont capturés et
vendus aux étrangers venus du Nord par les eaux. Dans ce roman puissant, Léonora
Miano revient sur la traite négrière pour faire entendre la voix de celles et
ceux à qui elle a volé un être cher. L'histoire de l'Afrique sub-saharienne s'y
drape dans une prose magnifique et mystérieuse, imprégnée du mysticisme, de
croyances, et de « l'obligation d'inventer pour survivre. »
- Prix Fémina (roman étranger): Canada de Richard Ford, éditions de l'Olivier
Nous sommes à Great Falls, Montana, en 1960. Dell Parsons a
15 ans lorsque ses parents commettent un hold-up, avec le fol espoir de
rembourser ainsi un créancier menaçant. Mais le braquage échoue, les parents
sont arrêtés, et Dell a désormais le choix entre la fuite ou le placement dans
un orphelinat. Il choisit de fuir, passe la frontière du Canada et se retrouve
dans le Saskatchewan. Il est alors recueilli par un homme, Remlinger, qui fait
de lui son apprenti et son factotum. Remlinger est un " libertarien ", adepte de
la liberté individuelle intégrale, qui vit selon sa propre loi en organisant des
chasses. Canada est le récit de ces années d'apprentissage au sein d'une nature
magnifique, parmi des hommes pour qui seule compte la force brutale, comme le
montre l'épisode final, d'une incroyable violence. Des années plus tard, Dell,
qui est devenu professeur à l'Université, se souvient de ces années qui l'ont
marqué à jamais. Qualifié de " page-turner " par le NY Times, ce roman d'une
puissance et d'une beauté exceptionnelles rappellera aux lecteurs de Richard
Ford le premier de ses livres publié à l'Olivier en 1991, Une saison ardente. Il
marque le retour sur la scène littéraire d'un des plus grands écrivains
américains contemporains.
- Prix Médicis: Il faut beaucoup aimer les hommes de Marie Darrieussecq, éditions POL
Une femme rencontre un homme. Coup de foudre. Il se trouve
que l' homme est noir. « C' est quoi, un Noir ? Et d' abord, c' est de quelle couleur ?
» La question que pose Jean Genet dans Les Nègres, cette femme va y être
confrontée comme par surprise. Et c' est quoi, l'Afrique ? Elle essaie de se
renseigner. Elle lit, elle pose des questions. C' est la Solange du précédent
roman de Marie Darrieussecq, Clèves, elle a fait du chemin depuis son village
natal, dans sa « tribu » à elle, où tout le monde était blanc. L'homme quelle
aime est habité par une grande idée : il veut tourner un film adapté d' Au coeur des
ténèbres de Conrad, sur place, au Congo. Solange va le suivre dans cette
aventure, jusqu' au bout du monde : à la frontière du Cameroun et de la Guinée
Équatoriale, au bord du fleuve Ntem, dans une sorte de « je ntem moi non plus ».
Tous les romans de Marie Darrieussecq travaillent les stéréotypes : ce qu' on
attend dune femme, par exemple ou les phrases toutes faites autour du deuil, de
la maternité, de la virginité... Dans Il faut beaucoup aimer les hommes cet
homme noir et cette femme blanche se débattent dans l' avalanche de clichés qui
entoure les couples qu' on dit « mixtes ». Le roman se passe aussi dans les
milieux du cinéma, et sur les lieux d' un tournage chaotique, peut-être parce qu' on
demande à un homme noir de jouer un certain rôle : d' être noir. Et on demande à
une femme de se comporter de telle ou telle façon : d' être une femme.
- Prix Médicis (roman étranger): En mer de Toine Heijmans, éditions Christian Bourgois
- Prix de l'Académie Française: Plonger de Christophe Ono-dit-biot, éditions Gallimard
- Prix de Flore: Tout cela n'a rien à voir avec moi de Monica Sabolo, éditions Lattes
Tout cela n'a rien à voir avec moi décortique un chagrin
d'amour, selon une méthode relevant de la fantaisie, de la poésie et de la
science. Il se présente comme un traité académique, dont l'auteur serait à la
fois le sujet et l'objet (dispositif qui révèle ses limites, ne nous le cachons
pas). Alternant observations cliniques et textes lyriques, photos et
correspondance, ce roman est à la fois une enquête de police (les objets du
quotidien sont présentés comme de pièces à conviction) et une fiction, drôle,
folle, déchirante. C'est aussi le témoignage d'une obsession, le récit d'un
gouffre qui se dévoile. Doucement une réalité archaïque affleure, et l'auteur
glisse, comme malgré elle, vers une autre blessure pour remonter doucement vers
les racines du mal. Que nous transmettent nos parents ? Leurs chagrins
s'impriment-ils dans nos cellules comme une mémoire fatale ? Sommes-nous voués à
revivre, encore et encore, des émotions encodées dans une région fossile de
notre cerveau ? Un texte aussi gracieux que bouleversant qui inaugure peut-être
un nouveau genre romanesque.
- Prix du Quai des orfèvres: Le sang de la trahison de Hervé Jourdain, éditions Fayard
" Tueurs en série de génération en génération, ça reste une
drôle de vocation ! Mais toujours au service de l'Etat. Fallait pas toucher à
l'honneur de mes ancêtres. J'aime voir les flics s'agiter à cause de moi, voir
leur gyrophares bleuter les façades du Palais de Justice. Qui éliminera les
traîtres à sa mémoire ? " Au moment où Zoé, une jeune policière, rejoint les "
seigneurs " de la Crim' au " 36 " un tueur exécute méthodiquement ses victimes.
Seul lien entre elles, leur appartenance au monde judiciaire. Seul indice, trois
petits morceaux de sucre.
|
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire