Le roman du mariage de Jeffrey EUGENIDES aux éditions de l’Olivier, 24 euros.
La génération dite des
« années 80 » s’installe progressivement dans l’histoire et prend de
l’épaisseur à l’instar de Jeffrey Eugenides qui a choisi l’année 1982
avec Elvis Costello, Joe Jackson et les Talking Heads pour composer la
bande son.
Le roman du mariage représente trois destinées agrippées à leur jeunesse jusqu’à l’épuisement en cognant à la porte de l’amour.
Une fille et deux garçons
illustrent ces aléas de l’existence et prennent à leur compte des
événements qui les associent, les lient et les confrontent à des
sentiments et des décisions qui ne sont pas forcément identiques. Pour
preuve, Hélène, le personnage le plus troublant de l’histoire, couve ses
faiblesses et ses découragements par un jeu subtil et indécis tandis
que Mitchell et Leonard, le premier la courtisant, le second étant son
amant, sont chacun soumis à des épreuves qui contrarient leur
épanouissement et tentent de les infléchir par de brusques revirements.
Ces deux éléments masculins mis en orbite autour de leur reine vivent
une tragédie semblable aux personnages de romans de la littérature
victorienne dont s’est éprise Hélène.
Le détachement ostentatoire
de cette époque a généré une dignité qui s’est instaurée en contrepoint
de sa devancière « révolutionnaire ». Jeffrey Eugenides entreprend de
débusquer le désarroi de cette génération. Ses personnages manquent de
confiance, Mitchell et Leonard, les plus exposés, capitulent face aux
difficultés croissantes que l’âge adulte leur impose. Le fait d’avoir
buté sur des expériences qui ont craquelé la peau de leur jeunesse,
révèle une part raisonnable de leur nature qui tourne le dos à l’esprit
téméraire. Le roman du mariage serait donc le choix de la raison.
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