lundi 5 décembre 2011

Des chaussures pleines de vodka chaude

Des chaussures pleines de vodka chaude de Zakhar PRILEPINE aux éditions Actes Sud.





Admirons d'abord la photo de couverture, totalement russe et plutôt engageante mais qui ne reflète pas vraiment le ton du livre: cette belle russe qui nous toise avec quelque ironie n'appartient pas vraiment au quotidien des trois jeunes protagonistes qui, incontestablement, tiennent la vedette de ce recueil de nouvelles.
Des nouvelles dans lesquelles, un narrateur, son frère et le meilleur ami de son frère, comme toute jeunesse de par le monde, a t-on fini  par l'admettre, s'ennuient mortellement et donc multiplient toutes sortes d'activités avec les moyens du bord. Chez les russes, nous le savons,  c'est la vodka qui prime.
Ensuite, une large place est donnée à l'improvisation. Comme partout finalement.
La virée automobile de la première histoire est sur ce point éloquente. La Russie entière semble contenue dans cette équipée sauvage composée de deux voitures zigzaguant à la campagne. Le meilleur ami du frère les “drive”  en direction de nulle part, pas même vers les filles qui stationnent au bord des routes et ne comprennent pas l'énergumène qui a pilé à leur hauteur en leur délivrant une pensée fortement alcoolisée.
Pourtant les filles, tout au long du livre, paraissent bien attractives et l'on fait même pour elles toute une mise en scène afin de les avoir avec soi comme lors de ce barbecue où l'on va longtemps croire que, la misère aidant, ce sera du chien en brochettes au menu… Une sale blague, tout compte fait, qui démontre à quel point, il est difficile d'aborder sereinement quoi que ce soit lorsque l'on a trop bu de bières.
La vodka chaude dans les chaussures est, pour tout dire, un truc de filles pour ne plus avoir mal au pied.
Mis à part les filles, l'armée est une toute autre réalité, surtout lorsque l'on se retrouve en Tchétchénie, un endroit où les comportements et les destins sont beaucoup moins drôles. La politique avec ses ascensions fulgurantes où les ministres sont très éphémères, continue de nous désorienter dans cette approche d'une Russie provinciale emplie de fureur et de mystère et dont l'esprit se terre au coeur d'une forêt où tout un village replié sur lui-même entretient une légende propre à suggérer l' existence des Âmes mortes de Gogol. Un brin fantastique, un brin burlesque.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire