vendredi 14 mai 2021

L’eau rouge de Jurica PAVICIC

L’eau rouge de Jurica PAVICIC aux éditions Agullo, 22 Euros.

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Croatie, 1989, dans un petit village de pêcheurs, Silva n’est toujours pas revenue de la soirée de la veille. Ses parents ne s’inquiètent pas outre mesure, ni son frère. Ils connaissent le côté fantasque, imprévisible de cette jeune fille de 17 ans indépendante. Il faudra quelques heures encore avant que l’attente ne tourne à l’interrogation après que le déjeuner du dimanche eut été enfin entamé en l’absence de Silva.


C’est par cette absence au début ordinaire puis préoccupante et enfin incompréhensible que Jurica Pavicic installe ses personnages. L’intimité de chacun se dévoile, s’y ajoutent celles du fiancé de Silva et du garçon avec qui elle a dansé une partie de la nuit, sur qui les soupçons vont fatalement s’abattre à l’heure où la police sera enfin prévenue de la disparition de l’adolescente. 


La pelote romanesque ne cesse dès lors de se dévider, L’eau rouge prend une ampleur inattendue car le temps s’étire dans la vie de tous ceux qui ont le désir de revoir Silva, de savoir où elle est, de comprendre ce qui a bien pu se passer. Le temps passe donc, jours, semaines, mois et puis les années. Les changements historiques opèrent et le cadre s’élargit. Le petit port croate voit s’éloigner certains pour qui l’espoir du retour de Silva s' amenuise, d’autres s’arc-boutent mais sont aussi emportés par le flot de la vie. Jurica Pavicic trouve en eux une destinée qui colle à l’évolution de leur pays. La Croatie de 1989 n’est plus, son indépendance après la guerre lui vaut de nouveaux tourments venus de l’Ouest, du capitalisme entré pernicieusement dans ses terres jusqu’au petit port devenu la proie d’un projet touristique à grande échelle. Mais toujours demeure la question de la disparition de Silva. 


Trente ans plus tard, la vérité surgit et les personnages affectés par cette histoire sont à peu près tous encore là. C’est à eux que nous sommes attachés et à eux que nous nous identifions comme à des amis que nous avons vu vieillir.

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