« Et Remedios a changé sa version des faits. Elle l’a écrite sous mes yeux, et, sous mes yeux, sa main courait sur le papier. »
Ainsi fini Adultère dernier opus de l’œuvre en cours d’Yves Ravey.
Si
Remedios est encore à ce moment-là bien la femme de Jean Seghers et que
ce soit bien lui que l’on entende une dernière fois raconter l’ultime
acte des évènements qui se sont produits, un doute cependant intervient à
lecture de :
« sous mes yeux, sa main courait sur le papier ».
Serait-ce
la voix de l’auteur lui-même ? Yves Ravey, surpris dans son geste
créateur ? Dans sa vision hallucinée des faits ?
Ce serait alors une fin
qui nouerait Jean Seghers à Yves Ravey dans une indétermination d’identité.
A quel point suis-je devenu Seghers ? Comment m’en défaire sinon en créant une chose impossible ? Nous dirait Yves Ravey.
« Et Remedios (ma femme) a changé sa version des faits ».
Yves
Ravey va loin dans la noirceur de son personnage dénommé Jean Seghers,
garagiste de son état. Garagiste certes mais en situation de faillite et
qui, à défaut de se mentir à lui-même, ment à tout va après avoir
commis l’irréparable.
Mais le mobile serait trop simple s’il consistait à sauver seulement les apparences d’une situation professionnelle délicate.
Ajoutons
une conviction d’adultère à cela et voici Jean Seghers, homme plutôt
respecté par ses proches, sous l’emprise d’un sentiment revanchard et
punitif.
Yves Ravey s’immisce donc au plus profond des pensées d’un être accablé et accablant.
Ce
travail d’écriture puissant est présent dans tous les livres de
Ravey - il y en a dix-neuf - et les turbulences qui en découlent nous
affectent à chaque fois. Empathie assène-t-on aujourd'hui ! En ce qui concerne Yves Ravey
c’est le moins que l’on puisse dire.
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