Mémoires d'une fleur de Jacques Pimpaneau, éditions Picquier, 7 euros
De nombreux mystères demeurent autour de l'auteur des Mémoires d'une fleur. Cette courtisane chinoise baptisée Saxifrage en référence à cette fleur " toute petite et modeste car elle a beaucoup à apprendre", aurait vécu au IXème siècle, sous la dynastie Tang (618-907).
Saxifrage écrit ses mémoires depuis un monastère taoïste, se décrivant comme une "chèvre perdue dans un troupeau de brebis". Cette dame a en effet un parcours atypique : élevée par son père dans l'aristocratie chinoise, elle reçoit dans ses jeunes années un enseignement savant, étudie Confucius puis les principes de la philosophie taoïste. La révélation que lui procure cette discipline l'amène à vouloir devenir nonne au grand désespoir de son père qui voulait assurer sa descendance. Se sentant incomprise, elle part de chez elle et décide de rester libre de toute emprise tout au long de sa vie. Les grands questionnements suscités par la philosophie l'amènent à réfléchir sur les plaisirs de la chair et la place du corps dans la société, sans jamais abandonner un esprit humble et discipliné. Les diverses expériences charnelles qu'elle éprouve sont autant de pistes de réflexions sur elle-même, ce qui en fait une dame très moderne pour son époque, dotée d'une grande lucidité sur ses propres émotions et la façon de les apprivoiser.
Ce texte a t-il été réellement écrit par Saxifrage, ou plus tard, par un auteur anonyme? La lecture passionnante et déconcertante de ces mémoires laisse même planer un doute sur la responsabilité de Jacques Pimpaneau lui-même se présentant comme simple traducteur. Où qu'il ait pris sa source, ce texte met en scène un beau portrait de femme libre.
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