vendredi 10 janvier 2020

Berta Isla de Javier MARIAS

Berta Isla de Javier MARIAS aux éditions Gallimard, 23 euros.


Qu'est-ce qu'être espion ?
Après que l'on a éludé toute l'imagerie propre à James Bond (de Ian Flemming of course), que l'on a frayé avec les tractations intellectuelles de Graham Greene (Le facteur humain, for example) ou encore disputé quelques parties d'échecs en compagnie de John Le Carré (celui qui venait du froid), une question néanmoins demeure: quel type d'existence "normale" (avec femme et enfants voire ami(e)s) est en droit de mener un espion ? Et quelle vie fait-il mener à ceux-là ? Que sauront-ils ? Cette femme qu'il considérera malgré tout comme la plus proche de lui, que lui dira t-il ? Que lui cachera t-il ?

C'est à cette femme-là qu'a pensé Javier Marias à l'origine de ce  roman. Aux tourments fatals qu'engendrerait une telle liaison du côté de l'ignorante, de celle qui immanquablement sera trompée.
Voici Berta Isla, jeune femme madrilène, épouse de Tomas Nevison qui est rentré de ses études en Angleterre (Oxford) avec un emploi au Foreign office et en prime une belle carrière qui s'annonce dans sa ville, Madrid.

Que faudra t-il à Berta pour comprendre que les absences régulières de Tomas ne sont pas liées à son prétendu métier diplomatique ? Ses voyages qu'il lui annonce à Londres sont un écran total à ses activités réelles.
Berta Isla doit se résoudre à cette ignorance absolue des relations et des actes de Tomas sitôt qu'il est parti (et d'ailleurs où ?).

Le lecteur du roman de Javier Marias a lu, en préambule, un épisode décisif qui a dérouté Tomas Nevison de la voie qu'il s'était choisie. Dès lors, ce coup d'avance, pris par le lecteur, ajoute à son accompagnement du cheminement de la conscience de Berta (jusqu'à sa résolution finale), une perspective que l'écriture de Javier Marias rend ensorcelante et qui n'est pas sans rappeler par endroits le livre d'Ira Levin Rosemary's baby (ou son adaptation au cinéma par Roman Polanski). Voilà une mesure de l'intensité atteinte par Javier Marias. 

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