vendredi 20 juillet 2018

Fugue romaine d’Edith DE LA HERONNIERE

Fugue romaine d’Edith DE LA HERONNIERE aux éditions Desclée de Brouwer, 17 euros.


Ce livre est la démonstration du comment, en moins de deux cent pages, traverser l’histoire de la ville éternelle, Rome ! 
Ce pari risqué est soutenu par une expérience personnelle riche en rencontres, en séjours prolongés initiés dans les années quatre-vingt et par une curiosité qui logiquement débouche sur une connaissance érudite de la ville. 

Edith de la Héronnière par son écriture qui dégage une forme décontractée, très italienne, dissimule sa connaissance profonde de Rome. Ainsi procède-t-elle par un télescopage régulier du présent avec le passé.

L’histoire de l’antiquité avec sa cohorte de personnages qui résonnent puissamment en chacun de nous, fait apparaître Néron, César, Trajan, les empereurs, Cicéron, Tite-Live, Martial, les penseurs, historiens et poètes. Ils surgissent pêle-mêle et garnissent le propos de Fugue romaine, ressuscités au détour d’une histoire bien particulière et conservés dans la mémoire des lieux. Le plus frappant des exemples est celui de la Maison dorée, Domus aurea, retrouvée lors d’un percement pour le futur métro. L’immense palais voulu par Néron a surgi après les assauts d’un bulldozer et ses peintures, de retour à l’air libre, ont disparu sous les yeux ébahis et catastrophés des archéologues. 

Rome, ville d’art à l’extrême, est renforcée par la présence du Vatican que sert trois fois par jour le tintement  des cloches de centaines d’églises parsemées dans la ville. 
Autres témoins de leur passage romain, Stendhal, Chateaubriand, Goethe, Zola, Yourcenar sont des repères qui ont jugé les beautés parfois irritantes de Rome. Mais c’est avec les Italiens que l’auteure converse le mieux. Ils l’aident à sortir des sentiers battus et l’emmènent vers des territoires préservés ou cachés. Ainsi peut-elle voir de l’autre côté des murs des villas silencieuses de l’Aventin, parcourir en paix le jardin botanique ou bénéficier d’une visite exclusive  de la fresque du Jugement dernier de Cavallini en l’église Santa Cecilia du Trastevere. 

A Martial, au Tasse, à Fellini à Cristina Campo, à Giordano Bruno à Carlo Levi et à bien d'autres encore, Edith de la Héronnière garde une place précieuse dans son livre. Ils sont présents aux côtés d'autres romains plus anonymes, de leurs insultes faciles et de leurs vespas.


Le charme de ce livre tient à ce vaste emprunt aux diverses facettes de Rome et, comme le début de cet article l’annonçait, il fallait une connaissance réelle de la ville alliée à celle plus instruite des arts littéraires, musicaux, picturaux et architecturaux pour réaliser cette œuvre touchante car personnelle et qui déploie dans la simplicité un immense savoir.

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