Le coeur du problème de Christian OSTER aux éditions de
L'Olivier, 17 euros.
La première phrase du Coeur du problème
est un piège. La voici: Pour dire les choses vite, quand je suis
rentré chez moi ce soir de juillet, il y avait un homme mort dans le salon. Elle contient beaucoup
d'informations, presque trop, mais l'essentielle que l'on pense être qu'un
homme mort se trouve dans le salon du narrateur n'est pas la plus
importante, c'est l'expression "pour dire les choses vite" qui nous dit
combien le narrateur, impatient, n'a pas l'intention de s'attarder sur ce
sombre détail qui a surgi un soir dans sa maison, ni de faire état de cette
détestable apparition dès la première phrase du livre. Cette intention de dire
les choses vite lorsqu'on entame un roman, est une belle façon de
mentir.
La fâcherie et l'embarras de ce personnage
que l'on découvrira irritable se justifient par son accablante ignorance des
faits. S'il devait, à condition qu'il le fasse, prévenir la police, force
serait pour lui de convaincre ses interrogateurs qu'il ne connait pas la
victime et que son corps (mort) lui est apparu pour la première fois après avoir tourné la clé de sa porte d'entrée.
Mais la police ne sera pas prévenue, un
détail ennuyeux dissuade toute tentative de s'expliquer, la disparition de
Diane et le message qu'elle a laissé.
Pourtant, la conscience harcelée, l'homme
se rend tout de même au commissariat pour signaler l'événement de la
disparition. Cette précaution corrobore toutes celles prises
précédemment.
Diane qui avait jusque là partagé sa vie,
l'a quitté et lui a laissé ce sale travail de camoufler un mort.
Au travers de cette mésaventure, Christian
Oster déploie avec maestria le caractère indécis et fragile de son personnage,
il le déséquilibre et en apprécie la dérive tout en lui fournissant de
judicieuses opportunités (des voyages ou des rencontres avec le voisinage..) et
finit même par trouver une forme de jubilation dans ce problème qui,
effectivement, réside dans le cœur de son incertain héros.
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