Une session de rattrapage est proposée à ceux qui n'auraient pas en leur possession cet indispensable opus du duo le plus noir de la Bande Dessinée et du polar réunis. Si Patrick Manchette n'a jamais pu voir le résultat de l'adaptation par Jacques Tardi de son roman, nul doute qu'il se serait extasié à la vue des planches de son ami avec qui il collabora à une seule reprise hélas avant sa disparition.
François Guérif le grand historien du polar français (il est également l'éditeur du domaine policier chez Rivages..), dénombre dans sa préface, treize morts subites dans La position du tireur couché soit une à peu près toutes les sept pages.
Inutile de s'aventurer dans un résumé de l'implacable itinéraire du héros Martin Terrier, tueur à gage de son état, résolu, en vain, à quitter définitivement l'univers macabre de son métier.
La prose calibrée de Manchette alliée aux rondeurs cabossées des dessins de Tardi n'a pas d'équivalent, on peut toujours tenter de restituer les principaux mouvements de cette histoire, on n'atteindra jamais une once de sa radicalité, de l'inconciliable philosophie qui noie toute illusion. La course poursuite ininterrompue contre le temps et les idées s'autodétruit à mesure que tombent les cadavres tout comme l'espoir de ramener à soi un romantisme inatteignable. Les armes seules témoignent de la réalité ultime qui entoure Martin Terrier, elles font corps avec ce pauvre héros, ce pauvre dingo dont la fameuse position du tireur couché signe le côté risible et ridicule de cette condition et de sa déchéance.
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