Derrière les panneaux il y a des hommes de Joseph INCARDONA

Derrière les panneaux il y a des hommes de Joseph INCARDONA aux éditions Finitude, 22 euros

Joseph Incardona roule sa bosse dans le paysage éditorial français tel un Nicolas Bouvier de l'édition avec qui il partage en l’occurrence la nationalité suisse. Le voici faisant à nouveau escale chez son éditeur bordelais Finitude, fin découvreur et (re)découvreur de talents.

Derrière les panneaux il y a des hommes est un concentré majeur de l’œuvre de Joseph Incardona. De nombreux thèmes se sont ici greffés autour de l'enlèvement d'une jeune adolescente, Marie Mercier, sur une aire d'autoroute. Chaque personnage impliqué par cette disparition, dont nous connaissons très vite le coupable, transporte avec lui un abîme de réflexions incandescentes sur la mort, le sexe, le travail, parfois drôles, souvent cassantes et qui frappent toujours dans le mille.

L'idée directrice de Derrière les panneaux il y a des hommes est d'enfermer les personnages à l'intérieur du réseau autoroutier. Le roman ne quitte pas les restoroutes, les stations services, les péages, les bretelles d’accès, les bandes d'arrêts d'urgence. Nous sommes à l'heure des départs en vacances, la canicule consume les corps, les rend plus ardents. Incardona insiste sur ces états du corps acculés par la chaleur dans leurs derniers retranchements. Pierre Castan, Julie Martinez, Thierry Gaspard, Tia Sonora, Pascal Voiliez, Gerard Lucino, Jacques Gandouin semblent atteints par la limite de leur être, ce vers quoi ils vont buter, qu'ils soient flics ou tueurs, prostituées ou gérants de restoroutes. L'écriture d'Incardona interpelle avec ses phrases incisives où un seul mot suffit parfois à définir un état. 

Ce rythme tranchant correspond à des instantanés à l'image des tronçons autoroutiers que nous avons tous pris un jour ou l'autre et dont nous avons ressenti la part oppressante et infernale que Joseph Incardona nous restitue sous la forme d'un thriller construit à coups de chapitres guidés par une folie inspirée, au bord du chaos et du hurlement qui peut surgir à tout moment dans l'univers clos de ces satanées autoroutes.