Le meilleur de Bernard MALAMUD aux éditions Rivages, 21.50 euros.
Voici une excellente occasion de découvrir ou de redécouvrir l’œuvre de Bernard Malamud. Ce romancier américain qui est apparu au début des années cinquante sans être pour autant reconnu à sa juste valeur encore aujourd'hui en France, influença durablement les générations suivantes et plus précisément Philip Roth.
Le meilleur est doté d'un américanisme quasi forcené puisqu'il traite d'un sport totalement ignoré en Europe, le baseball. Mais ce serait se méprendre largement que de penser que les seuls initiés à ce sport puissent prendre plaisir à la lecture de ce livre. L'histoire est bien plus intrigante qu'il n'y paraît car Le meilleur, qui apparait sous le nom de Roy Hobbs, n'est pas un gagnant bien qu'il ait eu toute sa vie les qualités pour l'être. Tout au contraire, à l'aube de sa carrière prometteuse, il subit un coup d'arrêt inattendu en recevant une balle à bout portant tiré par une femme dont il crut gagner les faveurs sitôt qu'elle l'eut fait venir dans sa chambre d'hôtel. Une folie de femme difficile à interpréter mais qui préfigure le malheur de cet homme pourchassé par une malédiction quant à ses amours.
La majeure partie du roman propulse Roy Hobbs une quinzaine d'années plus tard, il est âgé de trente quatre ans et intègre enfin une équipe professionnelle de baseball, les Knight de New-York, une équipe mal classée dont la vedette est un imprévisible joueur connu pour ses frasques sur et en dehors du terrain. Roy entrera très vite en concurrence avec lui jusqu'à sa fin tragique. Mais c'est la fiancée du mort qui deviendra dès lors une obsession pour Roy, l'incandescente Memo Paris, une rousse fatale qui peut envoyer Roy en enfer à tout moment.
Une certaine Amérique des années cinquante est retranscrite ici avec un art consommé des dialogues, les personnages entrent dans nos oreilles comme s'ils se trouvaient dans la même pièce que nous. Cette Amérique fondamentale qui est ici représentée par toutes les couches sociales que peut réunir le baseball révèle au plus près une passion dévorante pour l'argent, la violence, le sexe et les héros.
"J'ai horreur de voir les héros en échec, ils sont déjà si peu nombreux" dit une admiratrice à propos de Roy. Voilà par quoi est tenu Le meilleur qui fut brillamment adapté en 1984 par Barry Levinson au cinéma avec Robert Redford dans le rôle titre.
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