Le vrai lieu d'Annie Ernaux (entretiens avec Michelle Porte) aux éditions Gallimard, 12.90 euros.
S'il fallait un jour inciter quelqu'un à découvrir Annie Ernaux, Le vrai lieu serait une porte d'entrée idéale.
S'il fallait un jour inciter quelqu'un à découvrir Annie Ernaux, Le vrai lieu serait une porte d'entrée idéale.
Les questions de Michelle Porte dans cet entretien long d'une centaine de pages apportent des éléments sur ce qu'a été la vie et l’œuvre d'Annie Ernaux.
Comme il a été justement dit sur France-Culture, les fidèles de l'auteur n'apprendront rien de très nouveau sur la jeune fille d'Yvetot (Normandie) qui a grandit entre l'épicerie et le café tenus par ses parents. Ils retrouveront en revanche la justesse d'une parole et des vérités premières sur la vie et l'écriture avec ce petit plus supplément d'âme qui distingue Annie Ernaux de beaucoup d'autres écrivains.
Le parcours retracé durant cet échange est scandé par des chapitres qui s'annoncent comme des livres entiers : Paris je n'y entrerai jamais, Ma mère c'est le feu, Je ne suis pas une femme qui écrit, je suis quelqu'un qui écrit, Ecrire c'est un état...
Le parcours social comme on a coutume de le nommer et qui colle à la peau d'Annie Ernaux est bordé d'un parcours littéraire revisité avec délectation.
Le livre était un objet sacré.
De Margaret Mitchell à Kafka, de Maupassant considéré par les normands comme un écrivain à eux au contraire de Flaubert , à Charlotte Brontë et Jane Eyre, de Daudet et Le petit chose à Stendhal avec Le rouge et le noir et L'éducation sentimentale, jusqu'à Sartre et La nausée puis Beauvoir et Le deuxième sexe plutôt que Les mémoires d'une jeune fille rangée... Le livre, effectivement, chez les Ernaux, était un objet sacré.
L'enfance, l'adolescence, l'âge adulte, tout revient avec pertinence lors de ces entretiens. L'heure du premier envoi du premier roman (Les armoires vides publiés en 1974), l'avènement de La place et plus tard Les années, ce retour vers soi est raconté avec l'exigence intellectuelle de quelqu'un qui a longtemps réfléchi sur l'acte d'écrire et qui peut désormais en parler librement.
L'étude sociologique a œuvré et l'intérêt dès lors redouble pour la compréhension du métier d'écrire.
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