samedi 25 janvier 2014

Le regard et l'écrit de V.S. NAIPAUL


Le regard et l'écrit de V.S. Naipaul, éditions Grasset, 22 euros


L'exigence Naipaulienne est reconnue outre-Manche au point d'avoir surpassée les codes de la société anglaise. Pourtant, l'homme en question se considéra longtemps comme un spécimen authentiquement colonial. Effectivement, Lord V.S.Naipaul a grandi assez loin du royaume, à Trinidad et Tobago.
Le regard et l'écrit relate une partie de cette existence antillaise et consacre un long et beau passage à la découverte du seul poète reconnu des Antilles anglaises, Derek Walcott, qui vivait sur l'île voisine de Sainte Lucie.
Après Walcott, qui montra la voie en obtenant le prix Nobel 1992, Naipaul s'attache à décrire sa propre montée en puissance au sein des lettres anglo-saxonnes grâce à l'appui d'Anthony Powell, un auteur qu'il n'épargne pas mais dont il loue l'amitié.
Certes, les critiques fusent mais demeurent construites et s'il ne vaut mieux pas s'attarder sur le style démodé de Powell, il est plus intéressant d'observer la galerie de portraits que nous fournit l'auteur sur les lettres anglaises des années soixante, aussi instructive que l'embardée soudaine effectuée en direction de l'Inde au beau milieu du livre, là où se situe les origines réelles de Naipaul.

Déconstruire les mythes, telle semble être la mission que s'est donné Naipaul qui, au chapitre suivant, analyse la migration d'un indien célébré en son temps pour un livre autobiographique écrit au Surinam. La singularité de cette aventure intéresse au plus au point cet enfant de la diaspora indienne mais il en rejette l'universalité.

Un étrange chapitre s'intercale alors sans que l'on devine forcément l'intention de l'auteur. Ce dernier s'en prend à Flaubert dont il tisse une couronne de lauriers à propos de Madame Bovary pour mieux démolir Salammbô. En effet, l'exotisme flaubertien qui oscille entre l'âne d'or d'Apulée et les écrits de Polybe ne trouve point grâce à ses yeux. Lourdeurs et erreurs tactiques sont stigmatisées tout au long de ce court essai qui prend des airs de prévention contre les nuisances occidentales à l'égard de cette vaste contrée dénommée Orient.

Pour conclure, Naipaul s'oriente sur la vie du Mahatma Ghandi lui-même. Une vie examinée à la loupe et qu'il déconstruit à partir de ce qui deviendra le symbole du gandhisme, le port du châle, la vie ascétique, le nettoyage des latrines...
Naipaul, pour une fois, semble réellement fasciné et relève en maints endroits l'intelligence de Gandhi en s'appuyant sur l'importance et les leçons tirées de ses voyages en Angleterre et en Afrique du Sud.

En marge de cet essai écrit en 2007 mais publié en France six ans plus tard, Naipaul revient par l'entremise d'Hanif Khureishi dont le dernier livre, Le dernier mot, correspond à s'y méprendre à la personnalité si controversée en Angleterre du prix Nobel 2001, un certain Vidiadhar Surajprasad Naipaul.

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