samedi 19 octobre 2013

Une illusion passagère de Dermot BOLGER

Une illusion passagère de Dermot BOLGER aux éditions Joëlle Losfeld, 15.90 euros.

Il est au bout du rouleau Martin en cette soirée qu'il s'apprête à passer seul dans sa chambre d'hôtel à Beijing. En récapitulant la journée où il s'est efforcé de sourire à tout va, il constate que sa vie est arrivée à un point de non retour.  Sa carrière diplomatique s'est échouée  comme son pays, l'Irlande, dirigée pour quelques semaines encore par un parti venu mendier une aide financière aux chinois. C'est un chant du cygne qui tombe le jour de la saint Patrick et aux antipodes de l'île verte.

Certes, Martin a la soirée pour lui car il n'a pas été invité à suivre son ministre, il peut donc laisser fuir des pensées qui l'acheminent au dur constat que sa femme et ses filles sont devenues indifférentes à lui voire hostiles et que ses cinquante-cinq ans lui administrent une éprouvante épreuve de lucidité.
Ce soir, il pourrait très bien sortir dans les quartiers touristiques ou obtenir de la part de l'hôtel une quantité de services proposés par l'intraitable et néanmoins souriant accueil des hôtesses. Martin ne sait pas. Un massage ?  Cela le remettrait de cette harassante journée auprès de son ministre.                                                                                                                                                                                                    
Une femme va donc sonner à sa porte et débuter une étrange relation. Les mains de la masseuse déclenchent une sensation  que Martin semble n'avoir jamais rencontré. Jusqu'où va t-il supporter ses allers et retours sur son corps ?

La prose de Dermot Bolger délivre en peu de pages une rencontre fascinante traitée sur le mode d'un suspense érotique ! Le temps d'une séance, une femme chinoise fait basculer la vie de Martin par le simple contact de ses doigts. Longtemps sur la défensive, Martin sent s'accroître le rapprochement civilisateur qu'il a provoqué et où tout peut et à tout moment se modifier et être détruit.

Dermot Bolger maintient cet affrontement sensuel jusqu'au bout avec une maestria incontestable. Depuis Soie d'Alessandro Baricco, l'Orient et l'Occident ne s'étaient aussi ardemment rencontrés via le roman.

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