Les amoureux de la littérature connaissent forcément Dominique Noguez. Voila plus de trente ans qu’il publie des romans ou des essais. Couronné par le prix Médicis en 1997 pour L’amour noir, il nous revient en cette rentrée littéraire avec un récit autobiographique.
« Je vais essayer de tout dire. J’ai un retard de lucidité à rattraper, il y a longtemps que j’y pense. » Dans ce récit, il nous raconte sa relation amoureuse tumultueuse avec Cyril, jeune homme aussi beau que cruel, obsédant mais insaisissable. A partir de son journal, de ses photos et de ses souvenirs l’auteur revient sur cet épisode qui a profondément affecté sa vie. Dominique Noguez dissèque cette relation avec une lucidité remarquable. Il décrit sa douleur au scalpel, fait le portrait de Cyril avec ses colères, sa duplicité, et ses supplices raffinés mais aussi procède à la peinture sans fard de l’entourage avec les faux amis, les faux derches et les vrais salauds. Chose admirable, se voulant au plus prés de la vérité l’auteur ne tombe jamais dans la vengeance, ni dans l’amertume. Il évite ainsi l’exhibitionnisme un des travers du genre. L’amour, sous la forme de l’indulgence est encore, malgré tout, présent en filigrane.
Parler encore d’amour à quoi bon me direz vous, « tout est dit et l’on vient trop tard ». Traversé par cette tentation, Dominique Noguez l’évacue rapidement estimant à juste titre que chaque aventure est singulière. L’autobiographie, peut être une entreprise douloureuse mais aussi salvatrice tant l’écriture sert d’exorcisme voir de catharsis. Dans un entretien donné au journal Le Monde, l’auteur déclare : « L’autobiographe est une sorte d’espion qui, à partir de lui-même, nous renseigne sur l’humanité. C’est le mot de Montaigne : Chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition ».
On ne peut pas finir sans souligner la maitrise absolu de la langue qui fait de ce livre une réflexion et le récit superbe d’un amour fou : « L’effort qu’il m’a fallu pour faire ces révélations( …), m’arracher la peau et montrer ma vie écorchée n’est pas mince, lui. Il me perd et me sauve à la fois, et, qui sait, le lecteur avec moi». Par la même, on peut encore vérifier à quel point la littérature tout comme la lecture peuvent parfois être source de consolation.
Olivier de Marc
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire