Nue de Jean-Philippe TOUSSAINT aux éditions de Minuit, 14.50 euros.
Dernière tribulation de Jean-Phillippe Toussaint au pays de Marie, Nue condense et conclue les rapports délicats entretenus avec cette femme insaisissable que le narrateur aura perdue puis retrouvée entre Paris, Tokyo et l'île d'Elbe. Nue récapitule, reconsidère, rectifie, résume une histoire d'amour difficile empreinte d'exotisme et de superficialité.
Le défilé de mode voulu par Marie, irréel, voué à la catastrophe, en est une exemplaire illustration. Cette robe confectionnée uniquement avec du miel dans l'intention d'être poursuivie par des abeilles lance le roman comme s'il ne devait reposer que sur cette idée.
Aussi, le vernissage japonais de l'omniprésente Marie (sans qu'elle soit pour autant visible) est l'occasion de faire réapparaître Jean-Christophe de G., l'amant de Marie dont on avait appris la mort dans l'épisode précédent. Le narrateur lave en quelque sorte l'affront de la tromperie et révèle la goujaterie de son rival puis le ridiculise.
L'épisode parisien amorce un retour sombre et rapide sur l'île d'Elbe où quelques mois auparavant le couple s'était retrouvé. Mais qui est Marie, ce serpent de mer que Jean-Philippe Toussaint tente de cerner ? Une journée sur l'île d'Elbe suffira pour en éclairer la fragilité et l'inquiétude.
Nue est alors à son meilleur dans cet écoulement automnal qui instaure une atmosphère propre au deuil qui vient d'entacher les jours de Marie. La fin de l'homme qui symbolisait l'histoire de sa famille ouvre dans le même temps celui d'un enfant à venir. Alors le narrateur s'efface, enfin submergé d'amour.
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