samedi 10 mars 2012

"(re)faire les poches"

Les Radley de Matt Haig, Le Livre de Poche, 8,10 euros.

Une bourgade anglaise aux jardins bien rangés sauf peut-être celui des Radley, un peu trop à l’ombre. Ainsi une famille se voulant discrète ne peut échapper à sa lourde filiation, celle des suceurs de sang. Madame et monsieur sont péniblement parvenus à une certaine aisance, une respectabilité et tout cela dans les normes, sans tricher, sans boire… Tout le roman se délecte du jeu entendu sur les moeurs des vampires sauf que si les adultes sont tirés d’affaire, les enfants non. La demoiselle d’abord, sauvagement agressée découvrira ses prodigieuses ressources, puis le jeune homme gouttera au raffiné nectar par l’entremise de son oncle, le pire des Radley…
Flottant entre les genres, vampirisme, satire, policier, chronique sociale, Les Radley fait preuve d'une originalité de ton qui épuise parfois ses aspects psychologiques. Certes les rebondissements ont le bon goût d’offrir une morale parfaitement attendue mais s’il est déjà question de voir Les Radley adapté en film, il ne faudra pas perdre de vue la singulière rhétorique affichée par Matt Haig.


La carte et le territoire de Michel HOULLEBECQ, J'ai Lu, 8,00 euros.

Incontournable star de la littérature française, Michel Houellebecq aurait fort bien pu, tel qu’il le fait dans ce livre pour Jeff Koons et Damien Hirst se partageant le marché de l’art ou encore pour Steve Jobs et Bill Gates dissertant sur le monde de l’informatique - dans tous les cas quelque chose de ce genre-là -, imaginer un tableau figurant Michel Houellebecq et Frédéric Beigbeder évoquant la littérature française - il y a sans aucun doute songé - mais plus séduisante encore lui est apparue l’idée de s’inviter soi-même et Beigbeder avec, en tant que personnage quasi central de son propre roman (Beigbeder se situant bien plus à la périphérie !).
Hardi petit ! mais aujourd’hui lorsqu’on s’appelle Michel Houellebecq, tout est permis et ce pied de nez à tout ce qui fait école d’autofiction impose dans le même temps une starification absolue et à rebours, Des Esseintes se tenant à proximité de ce Michel Houellebecq romanesque que nous dépeint le Michel Houellebecq romancier.
C’est là, sans nul doute, le plus réussi du roman dont le début, également très bon, se projete dans un futur bien proche comme l’a souvent arpenté J.G. Ballard (Millenium people, SuperCannes…) et qui conserve tout au long du livre un puissant et réel attrait au détriment de l’intrigue qui, quant à elle, manque singulièrement de punch ou, pour le dire autrement, de talent.
Reste les invariables dérives sociétales trop longuement exposées et déjà explorées dans Les particules élémentaires auquel La carte et le territoire peut-être naturellement comparé. Ces dérives essayistes reviennent, sans charme et sans surprise, comme un rabâchage d’ivrogne alors que les (néanmoins beaux) personnages du livre portent déjà bien assez sur eux les théories que veut nous inculquer l’auteur et cela avec évidence.
Jed, Olga, Jean-Pierre, Franz (?) sont à cet égard des lumières neuves qui s’inscrivent magnifiquement dans le décor d’une France au futur proche où les marques abondent dans leur technicité esthétiquement parfaite. N’est-ce pas là l’unique obsession de tous ces gens riches qui nous gouvernent ?


Tante Mame de Patrick DENNIS, J'ai Lu, 7,70 euros. Enfin ! Voici le livre culte par excellence disponible en poche. Comment, vous ne savez-rien de Tante Mame ?


Jeanne de Jacqueline de Romilly, Livre de Poche, 6,60 euros.  Livre posthume de l'académicienne disparue en 2010. Ce livre révèle la merveilleuse relation entretenue avec sa mère. Le Grand Meaulnes de Jacqueline de Romilly selon Marc Fumaroli.



Lennon de David FOENKINOS, J'ai Lu, 5,70 euros. Le chouchou incontesté du monde littéraire s'est délicatement glissé dans la peau de John.


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