En commençant le dernier roman de l'américaine Lionel Shriver par la fin, on résoud rapidement l'insoutenable question de ce livre : oui ou non, Glynis va-t-elle s'en sortir ? Pour être honnête, cette fin-là n'est pas le meilleur du roman.
Néanmoins, je vous conseille les toutes dernières pages, celles qui dressent la liste des remerciements. Il conviendrait de les lire en premier avant de commencer cette édifiante histoire. De précieux témoignages, nous dit Lionel Shriver, lui ont permis d'approcher au plus près quelques vérités sur les épreuves endurées par ses plus mémorables personnages. Outre Glynis, femme surpuissante attaquée par la maladie, Flicka, la jeune adolescente, fille de Carol et Jackson, est dotée d'une force de caractère surprenante en dépit du handicap qui la condamne depuis la naissance.
Voilà, le sujet est lancé mais il faut en donner les prémices et commencer par présenter Shep, le mari de Glynis dont on sait que le compte en banque avoisine le million de dollars. Shep tient ce million de la vente juteuse de son entreprise de réparations à domicile dont il est, depuis, un simple employé. Mais Shep projette de partir à l'aube de ses cinquante ans sur l'ile paradisiaque de Pemba. Là, pense t-il, commencera "l'outre vie". Au moment où il déclare ouvertement son départ aux membres de sa famille (Glynis et leur fils Zack), n'omettant pas de les inviter à le suivre, Glynis lui répond que cette annonce tombe vraiment au mauvais moment.
Jackson est un collègue mais aussi le meilleur ami de Shep. Sa particularité est de s'épancher à longueur de temps sur les arnaques de l'état américain et sur la duperie générale érigée en règle aux dépens des citoyens. Mais Jackson, aussi brillant soit-il dans ses diatribes, joue sur les champs de courses (de lièvres), s'est engagé dans une opération chirurgicale délicate et supporte tant bien que mal avec Carol les jours difficiles de leur fille Flicka qui est atteinte de déficience.
Cette fois, le ton est donné. Les événements vont défiler, certains d'entre eux anthologiques. Glynis, Shep, Jackson et Carol sont le quatuor de base de cette descente vertigineuse de la middle class new yorkaise. Les coups pleuvent mais les tempéraments sont forts. Les meilleurs romanciers américains sont aujourd'hui les experts d'une société qui les dévorent de l'intérieur. Lionel Schriver en fait évidemment partie. Avec Tout ça pour quoi, elle abat une carte maîtresse qui s'en prend avec véhémence au système de santé de son pays.
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