samedi 25 février 2012

Alexandre JARDIN par Olivier de Marc

Des gens très bien de Alexandre JARDIN, Livre de poche 7,10 euros


Autant l’avouer tout de suite, le choix de lire ce livre ne repose pas sur un intérêt particulier pour Alexandre Jardin. Ni son sourire de gendre idéal très présent sur les plateaux TV, ni ses précédents romans à l’eau de rose et aux succès foudroyants n’entraînaient chez nous une sympathie particulière.
Seulement avec son dernier ouvrage, changement de décors et « fini de rire ». Il s’agit de mettre à jour un terrible « secret » de famille jusqu’à présent sinon dissimulé du moins édulcoré. De quoi s’agit-il exactement ? Plantons le décor. En 1978, Pascal Jardin père d’Alexandre et célèbre scénariste publie Le nain jaune roman couronné par le Grand prix de l’Académie Française dans lequel il dresse un véritable hommage à son père Jean Jardin. Portrait atténué s’il en est puisque cet « homme très bien » fut un célèbre "collabo" en étant le chef de cabinet de Pierre Laval.
A la fin de son livre Alexandre Jardin imagine une discussion avec son père et lui dit : « Plus tard, tu ne pourras pas vivre avec le secret des Jardin. Il te tuera. Tu feras un livre pour le camoufler. Au même âge que toi, j’en ferai un pour l’exploser ».
Tout est dit, avec ce livre l’auteur règle ses comptes. Il suit le parcours de son grand-père Jean, ne le lâche pas, et en fait un portrait accablant. Pas facile de découvrir un monstre derrière une belle image. Au fil de pages graves, remplies de rage on apprend qu’il a ainsi orchestré la rafle du Vél d’Hiv.
Roman courageux, parfois touchant, Des gens très bien ne fait toutefois pas dans la demi-mesure et prend parfois des allures de crise d’adolescence. Des arguments assénés à la hache, pas toujours justes historiquement en font plus un livre cathartique qu’une analyse subtile. C’est l’ouvrage d’un homme blessé un peu trop rempli de haine pour être juste.
A la lecture de ce livre on ne peut s’empêcher de penser au sublime Ramon (publié également au Livre de poche) de Dominique Fernandez, qui lui aussi, a dû composer avec la mémoire d’un père ayant collaboré. Comment Ramon Fernandez, dandy, critique littéraire brillant, proche du parti communiste, ami de Proust, Mauriac, Gide et bien d’autres a pu finir par adhérer au PPF de Jacques Doriot principal parti collaborationniste ? C’est la question à laquelle tente de répondre son fils Dominique en prenant en compte toute la complexité de l’époque et d’un être. Pour finir, on serait tenté de dire que sur le même thème, Alexandre Jardin a sans doute écrit son meilleur roman, alors que Dominique Fernandez a écrit un chef d’oeuvre !

Olivier de Marc

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