samedi 14 janvier 2012

La roue et autres nouvelles, Les fleurs de Christian GAILLY

La roue et autres nouvelles aux éditions de Minuit, 13 euros.






Les fleurs aux éditions de Minuit, 6,50 euros.


Christian Gailly représente trés certainement l'une des plus belles faces de l'école dite de Minuit, celle qui a fait suite au Nouveau Roman dans l'histoire de la littérature française. En effet,  après les Claude  Simon, Alain Robbe-Grillet ou encore Nathalie Sarraute, une autre génération s'est inscrite au patrimoine des éditions chères à Jérôme Lindon dont la fille Irène continue d'entretenir la flamme:  elle a pour chef de file notamment Jean Echenoz, Jean-Philippe Toussaint voire Christian Oster qui ont chacun apporté un souffle nouveau mais Christian Gailly est un élément incontournable de cette école - si école il y a, car ce qui réunit ces écrivains-là est une certaine idée de la langue française qu'ils s'autorisent à manier à partir d'une forme d'humour inconditionnelle.

Aujourd'hui, fait rare, Gailly nous envoie des nouvelles, une somme de variations sur le thème intemporel des relations entre les hommes et les femmes. L'art de Christian Gailly consiste à ne jamais trop en faire ni à trop en dire, dissimulant ses propres sentiments via ses personnages par de brèves mais décisives appartés. Ces mouvements d'humeur soudainement déclarés procèdent le plus souvent par d'évidentes constatations qui, cependant, déclenchent chez le lecteur une interrogation manifeste et globale sur les intentions de l'auteur. Dire ou ne pas dire, voilà la question.
Mélomane, Gailly prolonge par les mots son idéal musical. Psychanalyste de profession, il soulève par le détail l'intimité des situations les plus anodines. Changer une roue, par exemple, puisque tel est le titre donné à la première nouvelle de son recueil, inspire une confusion de sentiments chez un couple mis à nu par leur "sauveur", ce dernier s'éprenant de l'histoire courte et visible de la fuite des amoureux et de leur clandestinité qui s'en est forcément suivie.
Cet orfèvre de la narration capable de créer un suspense à partir de rien,  peut également être redécouvert avec la parution en poche d'un court roman intitulé Les fleurs,  fugue romanesque publiée il y a plus de 10 ans et où la virtuosité narrative est imbriquée dans une gestuelle plutôt légère de l'urbanité ou comment un homme et une femme finissent par se retrouver au comble d'une chute dans un escalier. Les fleurs avaient donné un caractère précis à la destinée, aux détails d'une rencontre que l'on rembobinait comme un film qui aurait les allures d'un François Truffaut, autre surdoué de l'élaboration du sentiment. Gailly donc, plutôt deux fois qu'une, nous assigne d'emblée à une rentrée romanesque réussie, en plein coeur du mois de janvier. Du bonheur.

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