L'enfance célébrée par André Lafon en 1912 n'a rien perdu de sa pureté, elle garde à la lecture de L'élève Gilles les mêmes joies et les mêmes cruautés.
Le petit Gilles à la sensibilité exacerbée découvre la vie au creux des terres bordelaises dans une propriété viticole tenue par sa tante. Le lieu lui paraît idéal dans sa communion avec la nature. Eloigné de Bordeaux, de sa mère et de son père souffrant, il doit entrer au pensionnat de sa nouvelle école. Commence une autre vie parcourue d'épreuves où la camaraderie n'est pas toujours tendre.
L'élève Gilles est une observation à hauteur d'enfant d'un monde guidé par les saisons qui sont ici remarquablement perçues. L'attention qui leur est portée correspond à l'attente d'un signe ou d'un événement que Gilles pressent et qui tend vers une tragédie dont les adultes ont en vain tenté de l'éloigner.
André Lafon meurt à 32 ans en 1915. L'élève Gilles continue d'éblouir ses lecteurs, comme il éblouit en son temps François Mauriac, son ami et Jeanne Alleman (Jean Balde) dont il fut le fiancé, à qui il déclare:
"Vous qui vous pencherez sur ces pages avec l'émoi d'y revoir, parmi tant de choses mortes, des figures jadis connues, ne soyez point étonnée de trouver l'enfant qui se raconte si peu semblable à votre souvenir... Mais rappelez-vous ses silences, et sachez ce que vous dérobèrent un masque pâlot et des regards qui fuyaient l'interrogation du vôtre."
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