vendredi 18 mai 2018

Les petits riens Tome 8, Tout est à sa place dans ce chaos exponentiel de Lewis TRONDHEIM

Les petits riens Tome 8, Tout est à sa place dans ce chaos exponentiel de Lewis TRONDHEIM aux éditions Shampooing, 13,50 euros.

Journal de bord ou carnet de route, choses vues, récit de voyages, quelques soient les définitions qu’on lui accole, le projet du dessinateur et scénariste de bandes dessinées Lewis Trondheim nous conforte, avec ce tome 8 de Petits riens, qu’il est bien un étrange bonhomme à qui, d’une certaine façon, nous ressemblons beaucoup. 

L’amoncellement de réflexions qui parcourent cette bande dessinée peut paraître simpliste. Les bouts de pensées de Trondheim n’atteignant que difficilement le niveau d’une cour d’école. Cependant, on se surprend à les aimer, à les partager. 

C’est qu’elles surgissent (ces pensées) directement du cerveau indocile de l'auteur. Elles prennent le pouvoir le temps d’une confrontation à une réalité soudaine et imprévue. Une fraise des bois bien mûre que l’on renonce à cueillir parce qu’elle est bien trop visible depuis le chemin emprunté et qu’il est trop curieux qu’elle n’ait pas été déjà cueillie par autrui. Idem pour le mot letchi que l’on persiste à orthographier lychee parce que les deux sont valables et surtout parce que cela énerve un ami réunionnais. Même chose lorsque l’on constate qu’il faut aujourd’hui plus d’une minute pour allumer la télévision et que cela aurait paru incroyable il y a une vingtaine d’années. 
Toutes ces pensées incongrues que l’on garde (ou pas) pour soi, ne durent qu’un laps de temps juste assez suffisant pour prendre le contrôle de notre cerveau avant de disparaitre on ne sait comment. 

D’autrefois cela dure le temps d’un trajet angoissant qu’effectue notre auteur sous la pluie au Maroc alors qu’un chauffeur  de taxi roule dans le désert sans ralentir et que la pluie s’intensifie, ou bien, par 52° dans la « Vallée de la mort », quand lui survient l’idée qu'il est en train de réaliser un défi qui lui rappelle sa mortalité et que si la vallée s’était appelée « grave chaude » il ne l’aurait sans doute pas fait, ou encore, par le hublot d’un avion en attente de décollage en bout de piste de l’aéroport de Carthagène en Colombie, quand il observe un couple enlacé en bord de route dans l’attente que l’avion décolle, il se questionne sur ce à quoi ils pourront bien penser quand l’avion se sera envolé ?

Ces observations accrues de faits extérieurs ou intimes (peu importe), dévoile toute sa personnalité que Trondheim laisse mijoter et que quelques coups de crayon suffisent à tendre vers l’absurde et le non sens. 


Philippe Delerm, lui aussi, s’est préoccupé de ces petits riens mais l’on peut jurer que Trondheim est beaucoup plus drôle.



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