vendredi 9 février 2018

Lolito, Ben Brooks, La Belle Colère, 19 euros


Si vous ne connaissez pas encore La belle Colère, cette maison d'édition qui a pour vocation de libérer la parole des adolescents à travers des textes poétiques et engagés, alors c'est le moment de vous plonger dans cette tranche de vie: Etgar Allison a quinze ans, des parents adorables, un meilleur ami fidèle et prêt à tout, et surtout, Etgar a Alice. Alice est sa petite copine, ils partagent leur joies et peines d'adolescent. C'est elle qui lui demande de lui appliquer du "stop acné" sur le visage, c'est elle aussi qui pleurera dans ses bras lors de la mort de son père.

Les vacances d'Avril approchent lorsque le roman débute: Alice va partir à Antigua, et Etgar se demande comment il va occuper ses journées sans elle. D'autant plus que ses propres parents partent en Russie pendant deux semaines.

Ces deux semaines qui s'annonçaient ennuyeuses (surf sur internet, balades pour sortir le chien, quelques fêtes pour montrer qu'il existe) basculent dans un véritable enfer: Etgar apprend qu'Alice l'a trompé, découvre sa grand-mère inanimée, et sombre dans un tunnel dont les parois sont poreuses et dans lequel le réel et l'irréel cohabitent volontiers. Pour se venger et se noyer, il boit les grands crus de son père, expérimente sur le net une rencontre interdite, et ne se doute pas que cela peut le mener... aux frontières de la mort.
Au bout de ces deux semaines, Etgar sera allé au bout de lui-même, aura testé et franchi toutes les limites du raisonnable. Pour autant, ce roman ne se résume pas à de la violence, du sexe et de l'alcool.


Il est bien plus que ça. La plume de Ben Brooks nous montre que, derrière les difficultés qu' Etgar traverse en ces vacances de Pâques, se diffusent des sentiments tout à fait ordinaires: la peur de ne pas être aimé, le besoin d'appartenir à un groupe et de le rejeter ensuite, le besoin de se tester pour murir et prendre sa place parmi les hommes. C'est dans un fouillis monstrueux qu'Etgar, du haut de ses quinze ans, découvre la richesse du contact humain – le vrai, face à face -, du dialogue et de l'échange. Si bien que l'on referme ce petit bijou avec un sentiment d'avoir vécu un peu de la vie d'Etgar, un peu de celle de l'auteur, et surtout, un peu de la nôtre.



 Ben Brooks

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