samedi 24 octobre 2015

Petit piment d'Alain MABANCKOU



Petit Piment d'Alain MABANCKOU aux éditions du Seuil, 18,50 euros.

Il existe en littérature des personnages qui, à l'instar de Petit piment, symbolisent l'histoire de leur pays. Alain Mabanckou connait peut-être celui de Macunaima, un roman fondateur de la littérature brésilienne écrit en 1928 par Mario de Andrade. 
Petit piment y fait irrésistiblement penser dans chaque séquence propre à la transformation du jeune orphelin baptisé Petit Piment en raison d'un acte audacieux accompli envers les deux "terreurs"  de l'orphelinat.
Cependant Petit Piment est un brave garçon endoctriné à maintes reprises au fil de ses rencontres le plus souvent autoritaires qui lui ont enlevé le peu de libre arbitre acquis dans cet orphelinat dans ses premières années grâce à un  bon éducateur qui a disparu un jour sans explication.
Petit piment ressemble à ce Macunaima brésilien, personnage fantasque qui éprouvait la turbulente modernité de son pays qu'il traversa comme un météore.  
Il en va de même avec ce jeune congolais qui ne connaît pas l'identité de son père, qui doute de celle de sa mère et qui, pour sa part, n'en aura jamais aucune. Comme Macunaima, le roman d'Alain Mabanckou ressemble à une vaste comédie qui s'emploie à nous montrer une destinée vagabonde accompagné d'un sombre portrait du Congo.
En effet, évadé de l'orphelinat, Petit Piment hante les rues de Pointe-noire, une capitale anarchique, manipulée par des politiciens mais également sauvée ou plutôt  secourue par des prostituées (des zaïroises venues du pays voisin détesté).
Comédie satirique bien évidemment que ce roman qui, petit à petit, joue  avec la langue française à mesure que son héros devient l'adulte irrécupérable que la société congolaise a fini par modeler. 
Comment alors ne pas perdre la tête à force de retournements incessants de sa condition ? Autant perdre la mémoire et prendre à revers ceux qui vont croire le guérir d'une amnésie sans doute simulée.

Si ce roman africain n'apporte pas beaucoup de bonnes nouvelles du continent noir, paradoxalement, Alain Mabanckou nous procure à sa lecture le sentiment d'être maintenu par une force incroyable comme si rien ne pouvait lui enlever l'indispensable bonne humeur qui le saisit lorsqu'il écrit.  
Serait-ce un secret typiquement africain ?  

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