samedi 27 septembre 2014

La peau de l'ours de Joy SORMAN

La peau de l'ours de Joy SORMAN aux éditions Gallimard, 16.50 euros.

Il y a un effet d'envoûtement à la lecture du roman de Joy Sorman, La peau de l'ours. Un effet qui œuvre peu à peu sous des airs de conte immémorial.

La bête issue d'un accouplement légendaire est l'un beaux épisodes du livre où l'on voit une jeune et jolie villageoise s'enfoncer dans la forêt où elle va être enlevée puis séquestrée par un ours qui voulut en faire sa femme.
Voilà qui précède et annonce la vie de l'enfant ours en un temps où les hommes vivaient en un commun accord avec les bêtes, chacun respectant le territoire de l'autre mais cette règle, un jour, fut transgressée par amour..

Suivent les pérégrinations de cet ours grognant et rugissant chez les humains tout en développant un cerveau doté d'une réflexion cachée sous ses apparats d'animal. L'ours, nous rappelle t-il puisqu'il est le narrateur de son histoire, était, avant l'émergence du lion, le roi des animaux. On le vénérait, on le craignait, on le trouvait majestueux et donc très beau. Mais ici, dans une époque qui n'est jamais située et qui permet de marcher sur les siècles, l'ours est banni par les villageois tout comme sa mère que l'on expédie dans un couvent. L'ours, lui, est vendu à un forain de passage, à un "montreur d'ours". Dès lors nous assistons à la vie tourmentée d'un être pourtant docile et doué qui n'aspire qu'à la paix et à la tranquillité. Bête de scène, on le voit jongler, patiner puis saluer. Il conquit aisément son public. Bientôt il rejoint un cirque où il rencontre des êtres dont il se sent infiniment proche, des géants, des nains, des femmes énormes ou minuscules ou d'un âge sidérant.

Cette histoire de l'animal conquis par l'homme, Joy Sorman la décline sous ses turbulences psychologiques, ses attentes et ses désirs. 
Au lieu d'un essai, le roman procure une empathie envers la condition animale. La fin du livre est à ce sujet un exemple fort de cette approche vue de l'intérieur. L'ours vit parmi ses congénères dans un zoo, ce qui ne peut être très réjouissant. Joy Sorman  mène là le combat de la réhabilitation des animaux sauvages. Nul doute que La peau de l'ours est un manifeste, résultat probant d'un pari osé et réussi.  

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