samedi 26 avril 2014

Ienisseï de Christian Garcin

Ienisseï de Christian GARCIN aux éditions Verdier, 11,80 euros.

Quand Sylvain Tesson part au fin fond de la Sibérie, il s’installe dans une cabane et s’isole, puis il écrit un journal, des chroniques, de la poésie.
Lorsque Christian Garcin en fait de même, il s’intéresse prioritairement aux villes, il rencontre des gens et tente de comprendre l’histoire et la mentalité de ces populations noyées au cœur d’un sous-continent qui évoque beaucoup mais que peu de monde ne connaît vraiment.
La Sibérie étant ce qu’elle est, c’est-à-dire au-delà de l’immense et proche de l’infini, Christian Garcin s’est résolu à remonter un fleuve, l’Ienisseï qui, pour faire simple, avoisine les 4 000 kilomètres (pour mémoire la Loire, notre fleuve record national dépasse laborieusement les 1 000 kilomètres), prend sa source près de la Mongolie et débouche dans l’océan Arctique.
Le périple commence à Krasnoiarsk une métropole d’un million d’habitants située à plus de 4 000 kilomètres de Moscou, direction Est. Le bateau qui embarque notre écrivain fait escale dans la ville historique d’Inisseisk qui fut la première bâtie sur le fleuve. On s’habitue doucement à toutes ses appellations si peu usitées. Koudinka, Norilsk sont l’occasion de prononcer le terme septentrional plus souvent qu’à l’accoutumée et des personnages lointains s’inscrivent dans la mémoire, des gens peu ou prou communistes, nostalgiques de l’empire soviétique. Le fantôme du goulag est lui aussi présent tandis que la fonte du permafrost hante les consciences.
Christian Garcin est bien plus proche de Patrick Deville et des frères Rolin que de Sylvain Tesson. Il ne magnifie rien et constate l’indifférence dans laquelle s’enfonce la Sibérie quand des milliers d’hectares de forêt flambent et que malheureusement personne n’est là pour lutter contre. La Sibérie se dépeuple, comme tout ce qui est à l’Est de l’Oural sans que cela intéresse le pouvoir à Moscou.


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