Le chemin du serpent de Torgny LINDGREN aux éditions Actes Sud, 16 euros.
Ce titre, inquiétant et, visiblement,
tenace, s’apparente au lancinant trajet effectué par un certain Karl
Orsa en direction d’une famille de la profonde campagne suédoise des
années soixante.
Les visites régulières voire
permanentes du commerçant Karl Orsa symbolisent le rappel d’un
endettement engendré par la famille depuis la disparition du père qui a
laissé une femme et ses deux enfants sans ressources. Karl Orsa a su se
rendre indispensable en tenant un livre de compte occulte qui pèse
comme une épée de Damoclès sur la tête de la mère qui ne sait que jouer
de l’harmonium lors des messes du dimanche.
Son jeune fils est le narrateur de
l’histoire, il constate impuissant l’emprise de Karl Orsa sur sa mère et
sa sœur tout en essayant d’en saisir la raison.
Torgny Lindgren a composé avec Le chemin du serpent,
un des grands classiques de la littérature suédoise contemporaine.
L’exploitation de Karl Orsa sur la famille du narrateur témoigne d’un
enlisement intellectuel dû à des croyances populaires et au poids
religieux qui servit une minorité qui bénéficia de l’isolement des
villages suédois jusqu’à l’aube des années soixante-dix.
Mais le propos de Torgny Lindgren est
aussi nimbé d’un mystère quant à la servilité consentie dans les
relations humaines ordinaires et, dans le même temps, de la manipulation
qui en découle. Que cherche Karl Orsa sinon combler un manque d’un
amour véritable et un désir d’enfant qu’il ne parvient ou n’ose formuler
et qui l’oblige à suivre Le chemin du serpent.
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