samedi 11 mai 2013


Couverture

Sombre dimanche d’Alice Zeniter aux éditions Albin Michel, 19 euros.

Sombre dimanche évolue à Budapest depuis la fin de la deuxième guerre mondiale jusqu’à l’an deux mille. L’histoire d’Imre et sa famille débute dans leur maison coincée entre les rails non loin de la gare de Budapest. Leur jardin a pris la forme d’un triangle enserré entre les voies. Des départs et des arrivées bouleversent la vie de la maison.
Imre est un jeune homme qui a grandi sous le communisme. Si son père le laisse tranquille avec l’histoire de son pays, ce n’est pas le cas de son grand-père qui ressort sa rancune envers le pouvoir à la première occasion. Certes, le soulèvement de 1956 lui a coûté une jambe.
Imre semble être le seul à sortir de la maison, père et mère travaillent à la gare et grand-père s’occupe du jardin. Sa grande sœur vit dans un studio en ville où elle étudie la littérature. Imre accompagne son meilleur ami un peu plus âgé que lui, à la conquête de Budapest dont le communisme s’émiette tout au long des années quatre-vingt. Imre n’est pas un grand conquérant, il se sent incapable de partir pour l’Amérique comme son ami prétend le faire, ni même pour l’Europe de l’Ouest.
A la tombée du rideau de fer, Imre est engagé dans un sex-shop où il tombe amoureux d’une Pin-up en carton. Imre aurait pu continuer d’étudier les mœurs sexuelles de ses contemporains sous la lumière diffuse du sex-shop mais une touriste allemande, un dimanche, lui tape dans l’œil en bronzant en maillot de bain dans un jardin public. Ainsi l’ouverture à l’Occident s’est manifesté à lui à l’inverse de sa sœur qui a vu s’enfuir son amour français et n’a pas gardé le bébé qu’elle attendait de lui. Tout ce petit monde vient ou retourne vivre dans la maison. Héros passif, Imre regarde le film de sa vie se dérouler sans lui à l’image de Budapest et des transformations subites dues à son passage au capitalisme. La maison au bord des rails est de plus en plus fragile. Tandis que le grand-père survit, la mère d’Imre décède tragiquement. L’enfant issue du mariage d’Imre avec son allemande tourne dès son plus jeune âge un spot publicitaire. Par ailleurs sa sœur s’occupe beaucoup trop de cette enfant, alors que le père d’Imre s’est complètement dissous depuis la mort de sa femme.
Tout prend alors une allure très sombre, effectivement. Sombre dimanche, tissé par une tendre ironie, ajoute une mélancolie prégnante à chacun de ses personnages.

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