Les fidélités successives de Nicolas d'ESTIENNE d'ORVES chez Albin Michel, (parution le 22 août 2012).
Ils sont jeunes et ils sont frères, ils habitent l'île de Malderney et sont anglais. Ils n'ont jamais été sur le continent, ne serait-ce qu'en France qui se tient pourtant à deux pas. Chaque été, ils piaffent d'impatience de revoir l'homme qui leur apporte des nouvelles de Paris. Hélas, les temps se durcissent, l'Allemagne belliqueuse menace ses voisins puis, un jour, la Pologne est envahie.
A l'image des grands romans du XIXe siècle de Dumas, Balzac, Stendhal, Sue... Nicolas d'Estienne d'Orves prend à bras le corps les années de guerre et d'occupation parisienne. Notons l'absolue réussite de l'atmosphère rendue avec une multitude de détails qui authentifient la période. Le pari risqué d'embrasser tout ce qui a fait vivre les parisiens durant les années 40 à 45 est remarquable voire stupéfiant. D'innombrables "célébrités" jalonnent l'étonnant parcours de l'aventurier narrateur (un des frères) avant que l'on ne revienne à Malderney, pour conclure et rendre des comptes.
On pourrait bien sûr être lassé ou bien s'amuser des incessants rebondissements de cette tumultueuse histoire, le XIXe siècle nous poursuit mais chaque revirement, chaque coups de théâtre forcent l'admiration et rendent l'inimaginable parfaitement plausible. Il fallait tout cela pour approcher l'extrême complexité des jeux et des enjeux que furent la collaboration, l'intelligence avec l'ennemi et tout simplement la survivance chaque jour plus incertaine.
Nicolas Estienne d'Orves réussit l'impossible et frappe un grand coup sur la scène littéraire française.
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