vendredi 21 septembre 2018

L’institution de Binet

L’institution* de Binet aux éditions Fluide Glacial, 14,90 euros.

Pas de Bidochon dans L’institution mais un retour à l’enfance de Christian Binet que ses parents, fervents catholiques, ont placé dans un internat tenu par des religieux. 

Binet, raconte t-il en introduction, a été profondément marqué par ces années d’éducation religieuse dans les années cinquante. On peut néanmoins retrouver dans ces souvenirs où tout est vrai, la bêtise et la méchanceté à l’oeuvre dans les Bidochons mais aussi une naïveté confondante de part et d’autre, chez les élèves et chez les enseignants. 

Le fil anecdotique de L’institution ne prête pas toujours à rire mais le trait de Binet garde toujours une férocité qui est en attente et que le lecteur surveille, prêt au pire et donc à l’éclat de rire. Si les moeurs de L’institution relèvent du monde impitoyable de l’enfance, de sa crudité, de sa monstruosité,  il y règne malgré tout une solidarité propre à une société tenue par les mêmes épreuves et les mêmes contraintes. 

Binet chronique une époque très marquée par les années de guerre, et la rigidité de surface des adultes malmenée par l’espièglerie enfantine a pour but une idée de l’éducation désuète et puérile mais d’où émane une forme de tendresse qui annule toute intention malveillante. Aujourd'hui, tout cela serait bien plus violent et plus rebelle, l’autorité serait bafouée. Chez Binet, l’enfance, aussi répugnante, à maints égards, soit-elle,  conserve une pruderie décalée qui prête à sourire et à s’émouvoir. Que sont devenus ces enfants ? Pour beaucoup des Bidochons, dirait Binet. 


* L’institution dans sa première édition date de 1981.


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