vendredi 7 septembre 2018

Désintégration d’Emmanuelle RICHARD

Désintégration d’Emmanuelle RICHARD aux éditions de L’Olivier, 16,50 euros.

Un processus autobiographique se consume dans Désintégration et ouvre des portes dans différents espaces-temps qui sont pour certains de l’ordre du décrochage social. 

Emmanuelle Richard, représentante de la classe moyenne des années 2000, est confrontée à l’opulence d’une autre classe, du même âge mais mieux lotie, à qui les portes universitaires et/ou artistiques seraient plus ouvertes. 
Annie Ernaux et Didier Eribon sont cités dans le livre comme des références essentielles de l’auteur. 

Au commencement du livre, Emmanuelle Richard revoit le jour de ses dix-huit ans, en dehors d’une fête dont elle s’est volontairement éloignée. Dans la nuit, une rencontre inédite se présente à elle avec dans le rôle du jeune homme, une icône masculine sortie droit d’un film américain qui incarnerait le cowboy idéal. 
Cette scène éloquente annonce l’inexorable éloignement d’Emmanuelle Richard des jeunes gens qui, non loin, fêtent plusieurs anniversaires dont le sien.

C’est donc une histoire de jeunesse qui irrigue Désintégration. Des souvenirs d’un milieu parisien étudiant, riche et artiste, qui va lapider le mental de la jeune femme inscrite à un Master de littérature. Sa vie en colocation est une constante mise à l’épreuve de ses rapports (de classe) avec autrui. Emmanuelle Richard, parce qu’elle doit trouver son argent dans une multitude de petits boulots, ressent à vif l’écart qui la sépare des fils de.. qui n’ont qu’à sonner chez leurs parents en cas de pépin financier. Pourtant, vient s’insérer dans ce parcours infernal qui participe à l’espoir jamais tout-à-fait enfoui d’une rencontre amoureuse, un moment tendre et beau avec un homme parvenu à une renommée médiatique importante et qui apparaît comme l’éclaircie attendue. 


Ce livre, sous tension, est le portrait très touchant d’une jeune femme à la conquête d’elle-même. Dans sa rage et dans son désespoir, une voix se fait entendre dépositaire d’une langue qui se construit dans une adversité sociale que l’on sent visionnaire et dont on a, hélas, tout à craindre. 

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