vendredi 21 septembre 2018

La robe blanche de Nathalie LEGER

La robe blanche de Nathalie LEGER aux éditions P.O.L., 16 euros.

La robe blanche est un récit déchirant, «qui déchire l’âme et le cœur » (page 106). La robe blanche est bien une robe de mariée avec un certain grief à son encontre entretenu tout le long par l’auteur. Certes cela n’est jamais clairement signifié mais l’idée suit son chemin  au moment où, pour le lecteur, il s’agit de comprendre  ce qu'il est en train de lire car, après tout, on ne sait où nous emmène ce livre. De Charybde en Scylla semble t-il.

Reprenons. Nathalie Léger, en 2012, à la suite du visionnage de La mariée de Joël Curtz (qui est remercié à la fin du livre) reprend par le menu la funeste destinée (que pour beaucoup nous ignorions) de l’artiste Pippa Bacca partie en auto stop de Milan jusqu’à Jérusalem où elle n’arriva jamais. Elle entreprit ce périple dans une robe de mariée censée porter tout son voyage durant un message de paix et d’amour lors de sa traversée de pays meurtris, il n’y a pas si longtemps, par la guerre. 

Ce voyage fut préparé avec soin car Pippa Bacca était une artiste, une performeuse plus précisément. Ce voyage, qu’elle prit soin de filmer était une approche authentiquement artistique. Mais la performance n’a pas aboutie - elle comportait des risques véritables qui se sont hélas avérés - et Nathalie Léger reconnait avoir ressenti l’échec de Pippa comme une impasse dans la construction du livre qu’elle préparait. Il y avait une incompréhension de l’acte de Pippa. 

Le livre semble donc ne plus pouvoir avancer mais la présence de la mère de Nathalie Léger chez qui elle s’est installée sur la côte d’azur est une piste parallèle que l’auteur suit. Dès les premières incursions de sa mère dans le récit de Nathalie Léger, la réclamation inédite de justice surgit, proférée plus tard à plusieurs reprises. Le lecteur est censé ne pas y prendre garde  tant cette requête demeure trop imprécise pour être comprise. On attend Pippa et la parole de la mère de Nathalie Léger est une échappée non retenue, pas même par la narratrice (Nathalie Léger) et donc reste lettre morte. 

Cette mère que la vieillesse aborde prend seulement une place vigoureuse au moment où La robe blanche reprend le parcours tragique de Pippa. Entre temps mère et fille s'adonnent à une suite de jugements tantôt cruels tantôt indulgents. Le trésor du livre se tient là, dans une déroute familiale issue des années soixante-dix. Une histoire de mariage.  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire