vendredi 8 juin 2018

Un mariage anglais de Claire Fuller

Un mariage anglais de Claire Fuller aux éditions Stock, 22

Si l'on devait s'arrêter sur un roman en cette veille d'été, c'est bien sur celui de Claire Fuller. Le genre d'ouvrage que l'on ouvre avec ferveur et que l'on referme avec regret, celui de ne pas vivre de telles émotions plus souvent. Les personnages de Claire Fuller nous suivent pendant que nous nous baladons sur la plage, pendant que nous pensons à nos proches, lorsque nous envisageons l'avenir et nos projets. Il y a tout d'abord Ingrid, personnage central, dont la disparition en juin 1992 a laissé son mari Gil et ses deux filles sans aucun repère, livrés à eux-mêmes.

Ici le mot "disparition" est à prendre au sens propre comme au figuré: elle a disparu un jour venteux - la scène se passe au large des côtes anglaises- alors qu'elle allait se baigner dans l'océan, comme à l'accoutumée. Ne la voyant pas revenir, ses proches en ont conclu qu'elle s'était noyée. Mais toute la tension de ce roman magnifique repose sur ce "peut-être". Peut-être est-elle là, quelque part, toujours en vie. Dans ce cas, pourquoi aurait-elle pris la fuite? Ces réponses, le lecteur les trouvera dans les lettres qu'elle a glissées dans les livres - trop nombreux- de son mari écrivain. Ces lettres, posées, réfléchies, qu'Ingrid adresse à son mari, reviennent sur leur première rencontre, l'ambiance du campus universitaire où elle était son élève, leurs premiers émois, et les (mauvais) choix qu'ils ont fait. 

Parallèlement, vingt ans plus tard, leurs deux filles, Nan et Flora, reviennent dans la maison de leur enfance pour prendre soin de leur père dont la santé s'est dégradée. Avec humour et tendresse, elles affrontent leur passé, les questions sans réponse que la relation de leurs parents ont laissées. Des sensations d'enfant que Flora revit totalement différemment maintenant qu'elle est adulte. 

Le lecteur tisse lui-même la toile entre ces deux temps, celui des lettres sensibles et percutantes qu'Ingrid a laissées à Gil avant de disparaître, et celui du présent, où l'on voit les deux jeunes femmes défaire petit à petit tous les nœuds familiaux,  jusqu'à la dernière page. Avec pour fil conducteur la mer, à la fois apaisante et dangereuse, le vent, libérateur et fou, le feu, salvateur et destructeur. Un roman sur la famille, sans jamais être pesant, et une merveilleuse lecture d'été!

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