Nous sommes à la fin du XIXème siècle, un jeune homme, résolument, se destine à l’écriture. Il a 15 ans, guère plus. Cela est consigné dans le journal intime qu’il entame avec cette déclaration joyeuse d’adolescent bravache. Comment les choses finiront-elles ?
Ce journal tenu toute une vie est fictif. Il est sorti de l’imagination de Patrick Rödel. On se surprend à écouter une voix venue de loin, d’un autre temps alors que celle-ci, certes travaillée en ce sens (et qui tend à nous le fait croire), est bien d’aujourd’hui. Le projet de Patrick Rödel est donc habilement réussi. Mais qui était ce Raymond, ainé d’une famille Mauriac dont l’ultime rejeton deviendrait l’un des trois M de Bordeaux ?
Raymond vient des Landes, de Saint-Symphorien. Il vit au chalet avec sa mère, ses frères et sa sœur. Son penchant poétique lui est venu de son père, mort précocement, dont il a déniché les carnets mais aussi de ses rêveries propres qu’il rapporte de la forêt, des expéditions solitaires qui lui furent toujours chères. Il n’était pas un élève brillant et n’eut pas non plus la force de caractère pour s’opposer à Claire Mauriac qui lui força la main dans ses études de droit. Raymond devint un avoué, succédant à un oncle assurant ainsi la pérennité du cabinet d’études familial.
Marié, père de deux filles, enfoncé dans la vie bourgeoise bordelaise, il tint néanmoins sa promesse de jeunesse et devint un néo-romancier à plus de cinquante ans, encombrant au passage son frère François, l'élégant parisien, alors au firmament des lettres françaises.
Le journal tenu par Raymond alias Patrick Rödel ouvre les portes de la création littéraire, des affres de l’auteur qui, une fois publié, s’attache à surveiller le moindre éloge paru dans la presse. Pour les amateurs de l’époque, Patrick Rödel est confondant de justesse. Pour les lecteurs moins concernés, ils découvrent une pierre d’angle décisive à l’édifice Mauriac. Pour l’histoire de la littérature française, une injustice est réparée.
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