Un orphelin supplémentaire de Paul Otchakovsky-Laurens (disparu en décembre 2017) se signale par un livre étrange et néanmoins passionnant. Le traquet kurde, l’ignorez-vous aussi, est un bel oiseau rarement visible en nos contrées, comme son nom l’indique.
Le propos tenu par Jean Rolin dans ce livre tient à une observation récente de l’animal, nous dit-il et qu’il n’a pu lui même vérifier, dans le Puy-de-Dôme… C’est d’ailleurs toute la problématique de l’observation des oiseaux. Qui a vu quoi, quand et où ?
L’intrigue du Traquet kurde, s’il y en a une, est ténue mais elle ouvre un espace considérable, celui de la traque des oiseaux en France comme ailleurs, aujourd’hui comme il y a un siècle, par des passionnés prêts à tout et, en premier lieu, à voyager en des pays quelquefois dangereux d’où leurs activités assez troubles qui se dissimulent sous leur apparente mission d’ornithologie. Comme Jean Rolin d’ailleurs.
Le milieu des ornithologues, puisqu’on les appelle ainsi, a une histoire ou des histoires que l’auteur nous rend non seulement passionnantes mais encore instructives sur un sujet qui, au demeurant, nous était, pour beaucoup, parfaitement étranger voire indifférent.
Jean Rolin qui déroule son récit à partir de sa propre expérience, de son petit savoir, nous est toujours proche même quand il s’affaire à nous présenter les grands défricheurs de leur catégorie que furent Richard Meinertzhagen (1878-1967), John Philby (1885-1960, Wilfred Thésiger (1910-2003)…
Puis, laissant dériver ses filets, il rencontre également T.E. Lawrence (1888-1935), Winston Churchill (1874-1965) et d’autres pionniers occidentaux de la partie arabique du globe.
Puis, laissant dériver ses filets, il rencontre également T.E. Lawrence (1888-1935), Winston Churchill (1874-1965) et d’autres pionniers occidentaux de la partie arabique du globe.
Son but, si tant est, faut-il le rappeler encore, qu’il y en est un, est de gagner le Kurdistan par les voies du passé qui mènent à coup sûr au présent. Du moins est-ce ainsi que Jean Rolin le conçoit. Oui, nous apprenons beaucoup sur cet art peu connu de la reconnaissance des oiseaux qui s’étend, dans Le traquet kurde, de l’île d’Ouessant aux contreforts de la frontière Turco-Syrienne.
Les rencontres fortuites dans le désert et l’étude de guides publiés il y a cent ans mais qui font encore références servent naturellement de fil conducteur à une narration hors-norme qui demeure cependant d’une maîtrise assurée. On ne sait où l’on va mais avec la certitude de trouver quelque chose au bout. Voilà qui résume dans ses grandes lignes cet exercice littéraire qui se distingue par l’intelligence dont son auteur use sans que celle-ci soit explicitement montrée. Une devise définissant un sentiment à propos d’un livre qui en procure de multiples.
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