vendredi 6 décembre 2019

Extérieur monde d’Olivier ROLIN

Extérieur monde d’Olivier ROLIN aux éditions Gallimard, 20 euros.
Il n’a pas eu le Goncourt mais il était parmi les derniers prétendants. Quelqu’un, semble t-il, dans la célèbre académie, l’a défendu plus qu’il ne l’aurait lui-même souhaité car Olivier Rolin ne court pas après les honneurs, il court le monde.

Il s’est lui-même choisi une place de bourlingueur dans le monde littéraire français (comme son frère Jean, mais autrement) et forme avec quelques autres (assez nombreux quand même) une corporation d’auteurs qui prennent leurs cliques et leurs claques pour un temps indéfini et s’en reviennent tôt ou tard avec de quoi faire un livre. 

Cette fois, Olivier Rolin, l’âge aidant, est parti en arrière, plus ou moins dans le désordre,  rebondissant au hasard des souvenirs - qu’il a nombreux - de ses pays fétiches et d’autres encore qu’il a parcourus au fil d’invitations qu’il a honorées bon an mal an de séminaires en conférences aux quatre coins du monde.  

Tout n’est donc pas ici retranscrit dans l’ordre. Temps et lieux apparaissent selon les rencontres masculines et féminines qui servent préférentiellement à Olivier Rolin de fil rouge au livre et l'envoient, tel des poteaux indicateurs, d’un point à un autre, d’une humeur nostalgique vers une autre (plus rarement) maussade. L’évocation de paysages lui rappelle également des anecdotes que ce voyageur solitaire, épris de carnets, a consignées en maints endroits, des années durant.

Alors par quoi commencer pour cerner ce personnage éminemment littéraire ? Dans cet autoportrait sincère, nous découvrons un homme porté par une forme de romantisme plutôt que l’aventure, un affectif débarrassé d’intellectualisme, un esthète qui depuis longtemps n’aspire plus à l’action politique. Certains pourraient avoir du mal à s’accommoder du récit de ses conquêtes féminines qui parsèment ses voyages en Afrique, en Asie, en Amérique ou en Russie mais c'est peut-être là que se trouve la motivation qui l’a poussé sur des routes désertiques, dans des trains de nuit interminables, vers des ports sortis de nulle part ou sur des îles ou dans des villages ou villes aux noms redoutables? 

Sans doute, enfin, s’est-il cherché lui-même comme tout voyageur qui se respecte et a-t-il réussi à ramener de ces endroits si perdus et si lointains sinon de la poésie, du moins une vie poétique.

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