vendredi 5 janvier 2018

Les uns , les autres aux éditions Robert LAFFONT.

Les uns , les autres de Nathalie AZOULAI, Patrick BESSON, Arnaud CATHRINE, Emmanuelle DELACOMPTEE; Jean-Michel DELACOMPTEE, Jean-Paul ENTHOVEN, Yves HARTE, Cécile LADJALI, Franck MAUBERT, Céline MINARD, Eric NAULLEAU, Martin PAGE aux éditions Robert LAFFONT, 17 euros.

Ce livre dont les bénéfices iront au Secours populaire français est le fruit d’une collaboration entre l’Hôtel Ville d’Hiver, La Librairie Générale et les éditions Robert Laffont. 

Le principe que nous avions initié avec les éditions bordelaises Bijoux de Famille s’est affermi cette année avec la participation des éditions Robert Laffont. Les douze auteurs invités à séjourner en résidence à l’Hôtel Ville d’Hiver ont chacun accepté de rédiger une histoire qui mettrait en scène une personnalité artistique, certes disparue mais dont l’œuvre continue d’inspirer et invite, si besoin était, à ajuster notre culture. 
Chaque semaine, nous vous proposons un morceau choisi des douze nouvelles censé rendre hommage au talent des auteurs qui ont su admirablement répondre au jeu auquel on les conviait.
Cette semaine : Nathalie AZOULAI


Albert Marquet au Pyla

"Vermeer avait vingt-neuf ans quand il a peint sa ville natale. Lui en a presque le double. Il ne dit rien à personne et retourne à Arcachon. Il loue les services d’un pêcheur à qui, plusieurs jours d’affilée, il demande d’ancrer son bateau entre les deux rives pour peintre la dune pendant de longues heures. Sous le soleil, dans la grisaille, de toutes les façons possibles, il traque ses nuances, capte ses reflets, les entoure différemment, tantôt insiste sur le vert profond des forêts tout autour, tantôt sur le bleu de la mer devant. Sur l’aplat jaune, il incline son pinceau comme un faisceau de lumière, plus ou moins vif, plus ou moins blanc. Il demande même au pêcheur de faire la sortie de nuit qu’avec sa mère ils n’ont jamais faite. Devant tant d’obstination, le pêcheur conclut que peindre et pêcher se ressemblent, que, dans les deux cas, c’est une question de vie ou de mort. Sur la toile, la dune apparaît, plus laiteuse qu’en plein jour, tel un grand cachalot, échoué sous la lune.  A tous ses tableaux, il donne le même titre, Dune, ne les distingue que par des numéros, Dune I, Dune II… Plus il peint la dune, plus il est seul à la reconnaître. Dans son dos, le pêcheur fronce le nez, songe que les artistes voient de drôles de choses, qu’au début, c’était ressemblant mais qu’avec les jours, c’est devenu un tas de matière, tantôt du blanc d’œuf, tantôt du jaune ou de l’or, que ce peintre calme est tout de même dérangé, un enfant du pays qui a mal tourné , ce Marquet."

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