Oublie mon nom de Zéro CALCARE aux éditions Cambourakis, 23 euros.
A Rome on dit toujours de quel quartier on vient. Zero Calcare est de Rebbibia, soit, pour les plus avertis, de la prison (la plus grande d’Europe). Mais Zero Calcare n’est pas en prison, la prison d’ailleurs, il ne la voit plus. En revanche, il est plutôt fier d’être un romain de Rebbibia.
Or voici qu’un événement tragique vient de surgir dans la vie de Zero. Sa grand-mère, très âgée, sans âge même, dessinée comme un petit Calimero au féminin, s’est éteinte. Zero Calcare est très atteint par cette disparition. Pourtant, en faisant le point avec Secco, son meilleur ami, il constate à quel point il ne sait pratiquement rien de sa vie. Elle fut, très jeune, au début du vingtième siècle, recueillie par des émigrés russes, des aristocrates déchus venus se réfugier à Nice. Oui, Huguette - elle s’appelait Huguette - est française, provençale et orpheline.
Les choses périclitent un peu plus lorsque Zero comprend que sa mère est, elle aussi, ébranlée par la mort de sa propre mère. Comment une femme aussi forte, à tous les sens du terme, peut-elle ainsi défaillir ? Qui plus est devant son fils ? Car Zero, lui, aussi rebelle soit-il, en apparence, est un angoissé de première qui continue de s’entretenir avec une peluche protectrice et son tatou…
L’histoire de sa grand-mère, telle qu’il la résume à Secco, est édifiante, troublante. Quel genre de type Huguette a-t-elle épousé ? Un escroc ? Zero, remontant le fil de la vie de sa grand-mère remonte aussi la sienne, celle d’un ado qui a grandi dans les années 90. Un drôle de garçon représentant une génération de gamins qui, la trentaine venue, ont besoin de faire le point.
L’identité du jeune homme, les origines de sa famille sont un imbroglio colossal et superbement excitant. Le grand énervé que l’on soupçonnait au début a, au final, une éthique exemplaire et la complexité rugueuse de son parcours est tout à fait respectable.
Zero Calcare s’est sans doute sauvé de son tempérament dépressif par le dessin, son graphisme hyper urbain atteint par endroit une virtuosité expressionniste impressionnante. Oublie mon nom regorge de symboles, c’est une sorte de psychanalyse à ciel ouvert qui ne se referme jamais sur elle-même.
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