Les huit montagnes de Paolo COGNETTI aux éditions Stock, 21,50 euros.
On peut ne pas aimer la montagne. La pratique du ski peut tout de même ravir ceux que l’on retrouvera quelques mois plus tard se baignant au bord de la mer. Puis il y a ceux qui fuient les remontées mécaniques, qui attendent la fonte des neiges pour s’en aller sur les hauteurs, « à l’ancienne », en marchant des heures et trouver, comme le père du narrateur, l’altitude où ils se sentent enfin eux-même.
Les huit montagnes nous proposent de parcourir avec Pietro et son père une partie des Alpes italiennes à une centaine de kilomètres de Milan dans une région nommée le Grenon. Pietro n’est pas un inconditionnel comme peut l’être son père. Du haut de sa petite dizaine d’années, il galope néanmoins assez bien et tient la cadence jusqu’à parfois monter au-delà de deux mille mètres, là où justement son père trouve son altitude et le paysage qui lui convient : De la caillasse débarrassée d’arbres, une hauteur où l’air est plus pur que dans les vallées et un silence que perturbe à peine les éboulis provoqués par des chamois surpris de rencontrer des humains.
Le père de Pietro occupe durant de nombreuses pages le devant de la scène, Pietro se contentant de suivre ce père randonneur toujours d’attaque, alors que sa mère attend leur retour au village mais noue également des relations avec les villageois, et notamment avec la mère du jeune Bruno avec qui Pietro entame une amitié qui peu à peu donne une orientation nouvelle au livre. Leurs escapades estivales déterminent un lien qui forcira dans le futur. Pietro grandit, s'éloigne de ses parents et commence une carrière de documentariste. Il voyage au Népal et apprend un jour, là-bas, la disparition de son père ainsi que l’héritage que celui-ci lui a fait. Bruno resurgit alors dans sa vie et le titre du livre prend alors tout son sens.
A l’évidence Paolo Cognetti nous raconte une histoire autobiographique qu’il a transformé en conte philosophique. Son livre est profond, empathique, il communique des sentiments universels depuis une contrée isolée que l’on a tôt fait d’adopter. Toute la force de ce livre semble venir de ce Grenon, tel qu’il nous est décrit, des saisons qui le gouvernent et de l’attraction de ce lieu pour Pietro où qu’il se trouve.
On peut ne pas aimer la montagne mais il est impossible de ne pas aimer ce livre.
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