samedi 21 octobre 2017

La chambre des époux d'Eric Reinhardt

La chambre des époux d’Eric REINHARDT aux éditions Gallimard, 16,50 euros.

Que penser en refermant La chambre des époux ? L’auteur pleinement présent dans ce livre signe ici l’un des derniers soubresauts de l’auto-fiction. Ce genre littéraire développé en ce début de siècle avec excès est peu à peu remplacé par des livres qui « réparent » , des « feel good book » lorsque l’on veut angliciser et, au passage, dénigrer une littérature qui se vend. 

L’uchronie et l’"exofiction" sont désormais à la mode. Les prix littéraires de novembre se chargeront de nous le rappeler. Eric Reinhardt ne sera pas de la fête. Son histoire, en partie vrai, en partie inventée, est une histoire d’amour dont l’auteur expose des extrémités difficiles à tenir qu’hélas notre époque impose. 


Après L’amour dans les forêts qui s’enfonçait dans la violence conjugale, La chambre des époux affronte la maladie. Eric Reinhardt ne joue pas à se faire peur, sa femme a réellement été atteinte d’un cancer qu’elle a vaincu. Eric Reinhardt écrivit, durant les mois où sa femme Margot combattait son mal, le roman Cendrillon qui lui valut reconnaissance et célébrité. Cependant, cette expérience traumatisante mais aussi synonyme de réussite est exploitée, à la moitié du livre, d’une manière symbolique dans un roman nommé Une seule fleur qu’Eric Reinhardt aurait, un temps, voulu  écrire.

Cette transposition certes risquée que nous lisons au cœur de La chambre des époux est un mélo où l’amour se tient en équilibre au-dessus du gouffre du ridicule et de l’obscène. Heureusement, la prose d’Eric Reinhardt parvient à maintenir une distance stylistique salvatrice qui n’épargne pas toutefois quelques longueurs. Le jeu de tiroirs s’ouvre et se ferme et le roman inséré, Une seule fleur, finit par détrôner le propos initial de La chambre des époux. Le risque était grand. Vraisemblablement conscient de cet écueil, Eric Reinhardt n’a pas voulu  réintroduire, sinon part des intermittences bien brèves, la part auto-fictive de son livre. Une part que l’on se prend à regretter tant les passages où l’auteur déchiffre sa vie de romancier sonnent extrêmement justes. L’histoire d’Une seule fleur qui n’est pas complètement ratée, n’est  pas non plus la symphonie annoncée.

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