samedi 14 octobre 2017

Corto Maltese Equatoria de Juan DIAZ CAZALES et Ruben PELLEJERO

Corto Maltese Equatoria de Juan DIAZ CAZALES et Ruben PELLEJERO aux éditions Dargaud, 16 euros.

Les aventures de Corto Maltese ont repris. Cette deuxième tentative de ressusciter le génie d’Hugo Pratt ne plaira évidemment pas à tout le monde. Pourtant un certain esprit règne sur Equatoria qui n’atteint certes pas la magie narrative qui porta si haut Corto Maltese, Hugo Pratt étant parvenu à extraire son personnage de l’espace alors confiné de la bande dessinée considérée comme un genre mineur destiné à la jeunesse. 

L’invention de Corto Maltese avait déjoué toutes les critiques et c’est en relisant les premiers Corto que l’on voit à quel point l’expérience aussi bien textuelle que graphique demeure aujourd’hui encore très intense. Il n’empêche que nos deux auteurs « repreneurs » du mythe parviennent à broder hardiment leur histoire autour d’un Corto Maltese  qui ne joue sans doute pas dans la même catégorie que son prédécesseur mais dont quelque chose indubitablement subsiste.  Equatoria débute à Venise où Corto embarque en galante compagnie mais délesté de son vague à l’âme. Au lecteur de tenir bon et de ne pas hériter à son tour de la mélancolie si particulière de son héros. 

A l’approche de Malte où l’on ne peut accoster en raison du choléra qui y sévit, une belle idée des auteurs transforme la côte lointaine de l’île en une silhouette féminine couchée sur la mer. Elle dialogue avec Corto : « Quand nous reverrons-nous ? » lui demande t-elle. 
Ce message languissant peut-être perçu comme une plus ou moins consciente requête d’Hugo Pratt lui-même regardant passer sa créature, impuissant à la faire venir à lui. L’allégorie est belle et donne une profonde inspiration à l’histoire.

Beaucoup de femmes entourent aussi Corto Maltese dont la présence semble suffire pour conjurer les dangers que ces dames encourent. A Alexandrie, première étape du voyage, Constantin Cavafis le poète et Winston Churchill en jeune diplomate imbu de ses bons mots font office de guest-star puis Henry de Monfreid apparait sur son bateau de marchand d’armes de la mer rouge.  Le suspense n’est, à vrai dire, pas vraiment la force d’Equatoria mais sa traversée de l’Afrique est, en revanche, convaincante.

Il faudra certainement encore quelques albums pour que les auteurs obtiennent tout le crédit des inconditionnels d’Hugo Pratt. Pour les autres, amateurs bienveillants d’aventures exotiques, Equatoria est tout à fait recommandable.


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