Ils vont tuer Robert Kennedy de Marc DUGAIN aux éditions Gallimard.
Beaucoup de choses se cachent dans ce livre, beaucoup de gens aussi. Lorsqu’on ouvre les premières pages de Ils vont tuer Robert Kennedy, le thriller l’emporte, la narration est fiévreuse, l’assassinat de JFK est reproduit dans ses moindres détails et les phrases fusent comme des balles.
Cette reconstitution d’un des crimes les plus retentissants de l’humanité est écrite en contrepoint d’une recherche plus posée qui s’ouvre dans la région de Vancouver où évolue un certain Mark O’Dugain, chercheur universitaire spécialiste de l’histoire contemporaine américaine et plus précisément de l’affaire Kennedy.
Marc Dugain déplace alors peu à peu son propos. Jack Kennedy fait place à son frère Bobby qui fut aussi son ministre de la justice.
Mark O’Dugain, quant à lui, tend à démontrer que la fusillade du 22 novembre 1963 fut un complot engendré par la mafia mais aussi par le FBI. En parallèle, le voile posé depuis 1968 sur la mort de ses parents, attribuée à un suicide, se déchire.
Le récit prend dès lors son rythme de croisière, la vie de Robert Kennedy et celle du père de Mark O’Dugain se chevauchent. Eloignées en apparence elles finissent par se toucher en ce jour de 1968 qui vit le deuxième meurtre d’un Kennedy au moment où une accession nouvelle à la présidence des Etats-Unis se présentait.
On ne peut décemment résumer la somme des faits plutôt obscurs qui parsèment ce roman. Quelques ressassements s’avèrent même indispensables au bon suivi des événements. Marc Dugain joue allègrement de son grand intérêt pour la politique américaine pour laquelle il semble fasciné avec néanmoins une forme de répulsion comme un témoin d’accident s’approche puis recule puis revient encore sur le lieu où s’est produit le drame.
Il n’empêche que la force intrinsèque de ce livre se situe là où la puissance analytique de Marc Dugain agit. Elle nous séduit d’autant plus que la grande décennie que furent les années soixante contient bon nombre de personnalités qui impriment aujourd’hui encore durablement notre imaginaire. Nous avons aussi bien pu les rencontrer dans des livres ou au cinéma voire à la télévision quand celle-ci dans sa volonté de présenter une description de la réalité prend irrémédiablement le dessus et devient terrible voire terrifiante.
Au final, Mark O’Dugain va être emporté par la déferlante retranscrite par Marc Dugain. La réalité se révélant donc bien plus forte que la fiction, le roman perd la partie.
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